Santiago est l’île la plus grande et la plus proche des côtes africaines. C’est ici que se trouve la capitale, Praia (qui veut dire plage, plutôt sympa comme nom de ville). De ce que nous avons pu voir, la population est moins métissée qu’à Santo Antao et Sao Vicente, et l’ambiance carrément plus africaine. On s’entasse dans des minibus au milieu des mamans en boubou avec des poules sur les genoux, les gens parlent (très) fort et conduisent (beaucoup trop) vite… ça change de l’ambiance douce et paisible des deux précédentes îles.
Nous avions prévu de passer une semaine à Santiago, mais une annulation de vol nous a contraint à restreindre notre séjour sur cette île. Nous avons donc du nous contenter de 2 jours à Tarrafal, petite station balnéaire du nord de l’île où les touristes européens cuisent sur le sable blanc au milieu des vendeuses de noix de coco et des rastas en slip de bain qui enchaînent les jongles à la brésilienne mieux que Ronaldinho.
La minute historique : le bagne de Tarrafal
A l’époque de la colonisation portugaise (jusque dans les années 70), Tarrafal était tristement connu pour son bagne. L’emplacement avait été choisi pour ses paysages arides sensés déprimer les prisonniers et leur passer l’envie de s’enfuir. Des opposants au régime et des anticolonialistes principalement africains y étaient parqués dans des conditions terribles : aucun accès à l’hygiène, aux soins, alimentation infame et insuffisante, châtiments atroces, chaleur insoutenable sous les toits de tôle… Tout était fait pour que les prisonniers meurent de « mort naturelle », emportés par les épidémies. Après l’indépendance, le bagne a été recyclé en caserne, puis abandonné et squatté, avant de devenir un musée.
Le village et la plage
A vrai dire Tarrafal est plus une petite ville qu’un village. On y trouve un grand marché couvert, qui vend surtout du textile africain et des bricoles du quotidien. Comme dans toutes les villes que nous avons visité, on trouve également de nombreux commerçants chinois, et des petits supermarchés à l’européenne. Mais le gros atout de Tarrafal d’un point de vue touristique, c’est surtout sa plage de sable blanc abritée des alizés, ses cocotiers et son port de pêche très animée. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que des pêcheurs se sont installés ici : sous l’eau, ça grouille de vie. Nous avons logé à la pensao Sol y Luna, dans une chambre assez basique mais c’était trop chouette de prendre le petit déjeuner sur la terrasse du restaurant au bord de la plage. Le soir nous avons assisté à un concert de batuku, un autre style musical du Cap Vert, moins connu et beaucoup plus rythmé que la morna de Cesaria Evora. En bref, Tarrafal était l’endroit idéal pour terminer de façon plus que décontractée notre voyage.
La route de Tarrafal à Praia
De nombreux minibus relient Praia et Tarrafal. C’est une expérience assez unique : tout le monde s’entasse au milieu des sacs de riz et des poules, et on sert les fesses dans les virages. Nous sommes descendus à Assomada, un peu parce que c’était jour de marché et qu’on voulait voir ça, et aussi beaucoup parce qu’on espérait avoir un chauffeur plus détendu sur la deuxième partie du trajet… Mauvais pari, c’était encore pire !
Le marché d’Assomada est plutôt folko. De ce qu’on a pu voir, on y vend surtout des meubles (en tout cas le jour de notre passage). L’intérêt réside surtout dans les abords du marché, où des petites échoppes servent de la cachupa et de la feijoada (sortes de cassoulet cap verdien). Des bouchers exercent leur métier au bord de la route, où des cochons se font découpés au milieu des passants et des voitures et des poules qui courent dans tous les sens.