Du haut de ses 4645m, le Nevado de Toluca, ou Xinantécatl (homme nu) en nahuatl, est le quatrième plus haut sommet du Mexique. À vélo il est possible d’atteindre le cratère à 4200m, au terme d’une longue ascension à travers des paysages ruraux. Le dernier village est à 3500m d’altitude, sur un petit plateau. Des chevaux y tirent des charrues, qui creusent des sillons pour planter choux et pommes de terres. On y trouve des puestos de quesadillas en bord de route et du café qui nous réchauffe, pendant que les écoliers attendent le bus pour rentrer de l’école.
À 3700m, nous commençons à sentir le mal des montagnes : légère nausée et vertiges. Deuxième pause quesadillas et atole (boisson chaude à base de cacao, canne à sucre et maïs), le temps que ça passe. Puis nous repartons et campons un peu plus haut, à 4000m, au milieu des derniers pins et buissons, avec vue sur les lumières de la vallée de Toluca et ses 750 000 habitants.
En terme de paysages, la différence entre un cratère à 4200m au Mexique au mois de mars et une quelconque montagne entre 2000m et 3000m en Europe de l’ouest en été est assez subtile.
C’est au niveau des sensations que l’altitude se fait sentir. Le soleil brûlant qui alterne soudain avec le froid glacial lorsque un nuage passe. L’impression que nos poumons vont exploser au moindre effort un peu trop intense. Le contraste saisissant des jeux d’ombre et de lumière. Le bleu intense du ciel au dessus de la couche blanchâtre des strates les plus basses de l’atmosphère.
Et dire que c’est juste la sortie du dimanche pour les trailers et cyclistes de la capitale de l’état de Mexico, 2000m plus bas, qui n’ont pas besoin du full look Salomon ni de vélos en carbone pour s’envoyer en l’air.
2 petites journées pour grimper les 75km et 3000m de dénivelé depuis Valle de Bravo, et deux petites heures pour redescendre 2000m plus bas de l’autre côté du volcan, dans le Valle de Tenango. Pas besoin d’aller dans les Alpes pour glisser dans la poudreuse. Le versant oriental est tellement desséché et labouré que le moindre coup de vent emporte avec lui des tourbillons de poussière. Et ça souffle aujourd’hui. Nous voilà plongés dans un dust bowl contemporain : le paysage est gris, l’air est gris, nous nous mouchons gris. Dire que les gens qui vivent ici respire cette poussière 6 mois par an…
Puis c’est l’orage. À 2500m d’altitude, la température chute en quelques minutes de 25 à 7 degrés, avec un vent glacial et une pluie ardente qui nous frigorifie. La période de Mars à Mai est sensée être la plus chaude et sèche de l’année. Pourtant la pluie tombe pendant plusieurs heures cet après-midi et les jours suivants. La pluie fait tomber la poussière en suspension dans l’air, le volcan apparait à nouveau et domine le plateau de son imposante masse sombre.
2 réponses sur « Nevado de Toluca »
Fabuleux de vous lire, surtout quand on connaît le Nevado de Toluca. La photo à vélo dans la poussière est de loin ma préférée, envoûtante et belle!
Cette descente était incroyable, à la fois super fun (c’est pas tous les jours qu’on descend de 2000m d’une traite en soulevant des nuages de poussière) et super difficile, à cause de la poussière justement et aussi des muscles sollicités qui sont différents de ceux qu’on utilise habituellement.