Entrée dans le pays par les collines : comme à chaque frontière l’ambiance change immédiatement. Ici on passe du pays le plus pauvre au pays le plus riche d’Amérique Centrale. De ce côté-ci, c’est très calme, les gens sont chez eux, il y a des grosses maisons typiquement nord-américaines avec des jardiniers qui arrosent le gazon et des grosses voitures garées dans l’allée. Personne dans les rues des petits villages que nous traversons, pas de musique… C’est très étrange. On se croirait un peu revenus dans la campagne européenne. Nous passons les deux premières nuits dans un camping géré par des suisses allemands. Et nous sommes pratiquement les deux seuls non germanophones ici. L’endroit est bien évidemment très propre et calme, il y a des singes qui se baladent dans les arbres et la question du jour (tous les jours) est de savoir dans quel arbre est suspendu le paresseux. Un petit coin de paradis ! Les propriétaires ont aménagé des sentiers de randonnée balisés avec des petits panneaux devant chaque arbre pour indiquer de quelle espèce il s’agit, il y a des guides sur les oiseaux, plantes et animaux que l’on peut emprunter à l’accueil. Le climat est doux et humide, il pleut la nuit, on est bien.
En route pour la côte
Notre projet au Costa Rica est de rejoindre la côte de la péninsule de Nicoya, qu’une piste de terre longe. Cela nous permettra d’éviter les routes principales du pays, réputées horribles à vélo (on confirme : probablement pire encore que les routes du Guatemala). Et cela nous permettra également de camper de plage en plage, pratique courante et légale ici. Ce qui nous évitera de nous ruiner en logement, le pays étant extrêmement cher. Une fois sortis de la route principale, nous trouvons un rythme bien agréable. Levés un peu avant le soleil, vers 5h30, départ vers 6h à la fraîche, petit-déjeuner à l’ombre vers 9h quand la température commence à monter… puis rythme tranquille, pauses baignades et arrivée au spot de camping de bonne heure pour profiter de la fin de la journée dans nos hamacs.
Tout s’annonçait bien. Jusqu’à ce qu’un chien de garde, probablement un peu excité par la fête d’anniversaire de ses maîtres, trouve bien appétissants les mollets d’Elisa… Allers-retours en moto chez le médecin avec les propriétaires, qui nous déposent ensuite à un camping à Samara, petite station balnéaire locale où nous nous posons en attendant le rétablissement d’Elisa. Pour moi ces quelques jours à Samara sont à la fois les plus stressants et les plus ennuyeux depuis très longtemps. Stressants car nous avons rendez-vous avec mes parents au Panama dans quelques jours pour embarquer sur leur voilier pour la Colombie, et que nous n’avons aucun moyen de les contacter ni de savoir où ils en sont dans leur traversée de Providencia au Panama. Les jours passent, leur date d’arrivée estimée aussi, et toujours pas de nouvelles. Pendant ce temps, Elisa ne peut toujours pas marcher, et je m’inquiète aussi pour son état de santé. Je suis tellement inquiet que j’en ai des insomnies et que je n’arrive à rien faire d’autres de mes journées que de m’abrutir à jouer à la belote sur mon téléphone. Le Costa Rica, et particulièrement les endroits touristiques comme Samara ne sont vraiment pas les bons endroits où s’arrêter. Tout est hors de prix et une fois payé le camping, nous sommes déjà au-dessus de notre budget de 10€ par jour et par personne. Nous ne pouvons nous permettre que de manger du riz, des oeufs, des bananes, des carottes, des ananas… et notre nourriture réconfortante ce sont ces burritos bananes – beurre de cacahuète – sauce piquante. Tout le reste est plus cher qu’en France, voire beaucoup plus cher. C’est dur moralement, car étant dans un endroit touristique il y a bien évidemment plein de choses attirantes : glaces, bières artisanales, pizzas italiennes, boulangeries françaises et même une vraie crêperie bretonne où j’ai très envie de soigner mon mal du pays qui recommence à se faire sentir, favorisé par l’ennui, le sentiment de « mais qu’est-ce qu’on est venu faire ici? » Et les messages pour la nouvelle année et mon anniversaire qui pleuvent. Elisa de son côté gère bien mieux que moi la situation : elle ne semble pas le moins du monde atteinte moralement et mets ce temps disponible à profit en passant ses journées à lire dans son hamac. Heureusement, la plage de Samara est réellement très belle au coucher du soleil et j’y passe mes fins d’après-midi à m’épuiser dans les vagues, entre les surfeurs et les oiseaux de mer qui plongent tête la première autour de moi.
Après quelques jours, n’ayant toujours pas de nouvelles de mes parents mais la date convenue se rapprochant, nous décidons de prendre un bus pour Panama pour être prêts à embarquer si besoin. 2 bus et 36h plus tard, nous sommes dans la capitale panaméenne. Je garde une impression mitigée du Costa Rica : forcément déçu de ne pas en avoir vu un peu plus, surtout que notre traversée côtière de plage en plage s’annonçait vraiment bien : camping facile, plage tous les jours, petites routes très raides et poussiéreuses mais peu fréquentées… à l’inverse, ce que nous avons vu du pays depuis les fenêtres du bus, de la côte à la capitale, ne me fait pas tellement regretté de ne pas avoir traversé cette partie du pays à vélo. Si les paysages montagneux sont beaux, les routes sont étroites, sans bas-côté et totalement saturées de véhicules. Étrangement, c’est au Costa Rica que nous avons vu le plus de cyclistes de route, alors que c’est à mon avis le pays qui se prête le moins à cette activité, et de loin.
Merci d’être passé 🙂 nous espérons que cet article vous a plu ! On se retrouve bientôt pour le Panama !
À bientôt.
4 réponses sur « Costa Rica »
Costa Rica à éviter donc. Suite au prochain episode
Disons que ce n’est pas notre coup de coeur ! Mais on n’a vu qu’un peu de la côte Pacifique, très touristique. Il paraît que c’est plus sympa (et un peu moins cher) ailleurs.
Me connaissant, je n’aurais pas eu de regrets d’avoir survolé le Costa Rica. La nature dénaturée par les tarifs, c’est comme le bobo-écolo qui te vend hors de prix son produit. Je préfère les villages où traînent un peu de plastique mais où l’authenticité est le national. En tous les cas, les mollets de Élisa ont bien résisté, moralement et physiquement, bravo et courage !
Merci ! On a préféré le Nicaragua : très proche en terme de paysage, mais avec une ambiance très différente, moins de voitures et des prix plus abordables. Mais je suis sûr que si on n’avait pas eu ce problème au Costa Rica, notre ressenti aurait été très différent.