Grand bol de Printemps

Cette année, nous avons eu un printemps joueur. Débuté précocement fin février avec un épisode saharien à la Mad Max, suivi d’un mois d’avril confiné, d’un mois de Mai automnale ponctué de chutes de neiges tardives et d’un début Juin caniculaire, pas toujours évident de choisir comment s’équiper. Pour nous, c’est aussi une période qui a coïncidé avec la réception de nos nouveaux VTT, puis de notre nouvelle tente. Alors on a pris un grand bol de printemps, mais pas à Paris ni à Londres : dans le Rhône, la Drôme, l’Ardèche et l’Hérault. Et j’assume mes titres dignes de mauvais polars.

Sable du Sahara, badlands et vautours

Dernier weekend de Février. Le vent du sud apporte chaleur, sable et atmosphère jaunâtre. En quelques jours, les bourgeons sortent en plaine et la neige fond en moyenne montagne. Je pars pour mon premier weekend à vélo de l’année, en cowboy solitaire dans la Drôme. de Crest au col de Soubeyrand par le défilé de Trente Pas, la forêt de Saou, les gorges de la Roanne et le rocher du Caire, une mise en jambe de 180km et 2700m de dénivelé au pays des vautours et des badlands.

Coup de froid dans le Diois

Mi-Mars, deux semaines après l’épisode Saharien. Les températures ont chuté, la neige est tombée, et nous avons reçu nos nouveaux VTT. L’occasion d’une courte boucle off-road de 40km et 800m de dénivelé dans le Diois, sur deux petites demi-journées pour tester les vélos et goûter à notre premier et dernier bivouac véritablement hivernal de l’année. La météo annonce une nuit à -11 degrés, et dès 15h nous commençons à souffrir du froid. Note pour l’hiver prochain : les pogies c’est moche, mais ça tient sûrement plus chaud que les gants de ski. Finalement, nous trouvons un endroit abrité du vent, avec une vue magnifique sur le Vercors enneigé. Avec mes deux sacs de couchage et ma doudoune, j’ai même eu trop chaud.

Pâques au balcon

Jean Castex nous annonce le troisième confinement, qui sera appliqué dès le weekend de Pâques mais avec une tolérance de quelques jours. On n’a rien compris, alors on a enfourché nos vélos et on est partis dans l’Ardèche. On a traversé des frontières régionales en nous sentant un peu contrebandiers. On a évité la foule nombreuse des gorges de l’Ardèche (comme quoi, on était pas les seuls). On a admiré les arbres déjà en fleurs, quelques jours avant « la plus grande catastrophe agricole du 21e siècle » : le gel tardif succédant au redoux précoce. Bref, on s’est rarement sentis aussi libres que pendant ces 3 jours de liberté innocents et coupables à la fois, avant le (dernier ?) confinement.

Reconfinés

Dans notre rayon de 10km, il y a deux secteurs de nature. Le grand parc de Miribel et les monts d’Or. Nous pensions connaître par cœur ces endroits. Finalement, la contrainte du confinement nous pousse à les explorer plus profondément et à les redécouvrir sous des aspects nouveaux.

Beaujolais nouveau

Fin du confinement, nous préparons notre GTMC. Quoi de mieux pour cela que de redécouvrir le Beaujolais, ce massif si proche de chez nous, lui aussi parcouru d’une Grande Traversée, la GTR. L’engagement physique et parfois technique pour cette traversée pourtant côtée aussi difficile que la GTMC nous mets la pression. Les montées abruptes suivies de descentes aux gros cailloux roulants, les pistes ravinées par l’écoulement des pluies d’orage, les sentiers cachés sous les herbes hautes que nous sommes probablement les premiers à parcourir cette année et l’inexistence de passages plats nous obligent à raccourcir grandement les étapes. Mais les lumières tamisées des sous-bois fleuris, le bourdonnement et les couleurs des insectes en pleine activité et la quasi-absence d’autres humains nous enchantent.

Prolongations

Mi-juin, les terrasses des bars à peine rouvertes sont prises d’assaut par les fans de foot pour cet Euro 2021 dont le début coïncide avec les premières grosses chaleurs. Nous nous évadons quelques jours dans le Vercors où le printemps joue les prolongations. Nuits fraîches, nature sauvage, plantes de montagnes qui semblent d’une autre planète. Ici encore nous croisons sur les chemins plus de capreolus capreolus que de sapiens sapiens. Sans parler des mouches, moustiques et autres insectes qui bourdonnent comme jamais. Le soleil se lève à 4h50 et les étoiles commencent à se faire voir vers 23h. Quelques nuages de plus et degrés de moins et on se croirait presque en Écosse ou en Alaska. Nous terminons finalement notre virée par une descente vers la vallée de la Drôme. Le temps sec nous offre une belle démonstration du gradient adiabatique, avec un degré gagné par 100m de descente, soit 7 degrés de différence en quelques minutes. Heureusement l’eau encore fraîche de la Drôme nous aide à supporter le choc thermique.

Larzac – Méditerranée : liste matériel

Ci-dessous, la liste de nos sacoches et du matériel qu’elles contiennent pour un périple d’une semaine avec des conditions météo variables et des températures plutôt clémentes (5 à 25 degrés environ). Le matériel est listé par personne qui le porte. Certains éléments sont communs, mais portés par une seule personne.

Hugo

Vélo

Je testerais bien une configuration double plateau pour avoir un petit braquet encore plus petit et pouvoir grimper partout même chargé. Les freins hydrauliques c’est quand même bien confortable. Les pneus ont fait le job, le terrain étant peu technique. A refaire en tubeless, idéalement avec des pneus moins lourds (1kg le boudin quand même).

  • Surly Ogre taille M, pneus Extra-Terrestrial 29×2,5 pouces. Transmission 1×10 vitesse. Plateau 32 dents, cassette 11-42.

Sacoches

Les sacoches Zefal ne sont pas hyper ergonomiques ni légères, comparées à celles d’Elisa plus haut de gamme mais globablement, tout était adapté. Seul le transport du matériel photo/vidéo mériterait une réelle amélioration.

  • Sacoche de selle Zefal 17 litres
  • Sacoche de cintre Zefal 10 litres
  • Sacoche de cadre Revelate Designs Ranger 8,6 litres
  • Sacoches food pouch Topeak Freeloader x2 (2 litres en tout)
  • Sacoche top tube Topeak Toploader (0,75 litres)
  • Sacoche accessoires Topeak Barloader 6,5 litres
  • Sac drone Dji (dans la sacoche accessoires, pour protéger le drone)

Vêtements

Cette liste inclus les vêtements portés pendant la journée et ceux stockés dans la sacoche. Le legging merinos a été utile les premières nuits. Pas de cuissard : sur la GTMC, pas de problème puisque qu’on change souvent de position (debout sur les pédales, assis sur la selle, marche à côté du vélo). L’absence de cuissard a été plus gênante les journées roulantes, notamment sur le canal du Midi. Pas de chaussures à cales mais des chaussures de trail pour être plus à l’aise hors du vélo. Nous avons des pédales avec un bon grip : un peu moins performant en montée que des pédales automatiques, mais plus rassurant en descente, et pas besoin d’avoir 2 paires de chaussures. Pas de pantalon non plus, juste un short ultraléger qui sèche vite : en cas de temps froid et humide, le pantalon mouillé refroidit pendant longtemps, alors qu’un short sèche vite. Les températures étaient clémentes (5-10 degrés ressentis les jours les plus froids), je n’ai pas ressenti le besoin de porter un pantalon.

  • T-shirts manches longues merinos Decathlon x2
  • Short randonnée ultralight Decathlon
  • Chaussettes merinos x2
  • Chaussettes étanches Sealskinz
  • Caleçon merinos x2
  • Doudoune Decathlon
  • Gants vélo Grip Grab
  • Bonnet mérinos
  • Buff merinos
  • Casquette cyclisme Decathlon
  • Lunettes solaires Decathlon
  • Veste pluie 10000mm Vaude
  • Casque Decathlon
  • Legging merinos Decathlon
  • Chaussures trail running Decathlon

Matériel de camping

Nous avons fait le choix de ne pas prendre de réchaud, pour économiser du poids et de l’espace. Nous avions de la semoule en fond de sac, qui gonfle à l’eau froide et la possibilité de nous ravitailler au moins une fois par jour en pain, fromage, fruits et légumes frais. Les oreillers pèsent moins de 100g et permettent un sommeil et donc une récupération de meilleure qualité. Les nuits les plus fraîches (5-6 degrés, vent et humidité), le quilt + bonnet + legging et t-shirt mérinos + drap étaient bien (limite chaud).

  • Tente Nemo Dagger 2p + footprint (environ 1,9kg tout compris)
  • Matelas Nemo Tensor Insulated
  • Quilt Cumulus 250 (+4°C/0°C)
  • Drap de soie Decathlon
  • Oreiller gonflable Klymit
  • Popote titane Toaks 1,3L
  • Couverture de survie
  • 2 gourdes, total 1,6l (1 bidon de vélo en plastique, 1 gourde en métal)
  • Filtre à eau Sawyer Mini + poche à eau 2l (utilisée uniquement pour le filtrage)
  • Lampe frontale Peztl Actik Core + batterie
  • Opinel numéro 7
  • 2 cuillers à soupe en inox

Outils et pièces

  • Multi-outils vélo Crankbrothers M19
  • 2 clés allen (4mm et 5mm)
  • Multi-outils générique Leatherman Squirt
  • Pompe à pied de voyage Lezyne Micro Floor Drive HV
  • Démonte-pneus x3
  • Chambres à air x2
  • Câbles de frein et de dérailleurs
  • Attaches rapides x2
  • Lubrifiant chaîne
  • Brosse chaîne
  • Chiffon chaîne
  • Colliers de serrage plastique x10

Électronique / Photo

Les objectifs 100mm et 55-300mm pèsent environ 800g a eux deux et ont assez peu servis par rapport au 21mm. Le 300mm est pratiquement inutile sans trépied. Il pourrait être intéressant de remplacer le 55-300m par une ou deux focales fixes plus légères et de meilleure qualité. Le matériel photo et surtout vidéo est coûteux en poids et en énergie. A l’avenir nous testerons une solution panneau solaire et/ou powerbank de plus grande capacité pour une meilleure autonomie.

  • Boîtier reflex Pentax K3 + 2 batteries
  • Objectif Pentax 21mm
  • Objectif Pentax 100mm macro
  • Objectif Pentax 55-300mm
  • Enregistreur audio Zoom H1n + bonnette + cable + piles
  • Drone Dji Mavic Mini 2 + télécommande + 2 batteries
  • Powerbank Decathlon 10000mah
  • Chargeur Pentax
  • Chargeur usb + 2 cables
  • Feu arrière vélo

Élisa

Vélo

  • Surly ECR, pneus Vittoria Mezcal 29×2.6 pouces. Selle SMP TRK. Transmission monoplateau. Plateau 30 dents, cassette 11-50.

Sacoches

  • Sacoche de selle Ortlieb 17 litres
  • Sacoche de guidon Topeak 10 litres
  • Sacoche de cadre Revelate Designs Ranger M 7,3 litres
  • Sacoche top tube Restrap 0,5 litres
  • Sacoches food pouch Topeak x2 (total 2 litres)

Vêtements

  • T-shirts manches longues merinos Decathlon x2
  • Vieux legging synthetique qui sèche vite
  • Short rando Decathlon + Caleçon merinos Engel
  • Legging merinos Decathlon (dodo)
  • Chaussettes merinos x2
  • Chaussettes étanches Sealskinz
  • Culottes coton Intimissimi x2
  • Brassière merinos Icebraker
  • Doudoune Decathlon
  • Veste pluie Decathlon
  • Gants vélo Grip Grab
  • Bonnet merinos
  • Gants Mohair du Pays de Corlay
  • Buff merinos x2
  • Bandeau merinos Ortovox
  • Lunettes solaires Decathlon
  • Casque
  • Chaussures trail running Decathlon

Matériel camping

  • Matelas Nemo Tensor Insulated
  • Quilt Cumulus 250 (+4°C/0°C)
  • Drap de soie Cocoon Mummy Liner
  • Oreiller gonflable Klymit
  • Jolie taie d’oreiller maison
  • Lampe frontale Peztl Actik Core + batterie
  • 2 gourdes, total 1,6l (1 bidon de vélo en plastique, 1 gourde en métal)
  • Opinel numéro 8
  • Sifflet multifonctions boussole-thermomètre-loupe
  • Jumelle Nyroca 8×20

Électronique

  • Smartphone (avec l’appli mobile MAPS.ME)
  • GoPro
  • Tripod flexible Lammcou
  • Petite batterie externe
  • Feu arrière vélo

Santé / Hygiène

  • Bâton à lèvre
  • Gel hydroalcoolique
  • Masque
  • Trousse à pharmacie
  • Trousse de toilette (savon de marseille, brosses à dent, brosse à cheveux, huile de coco, boules quies)
  • Mouchoir en tissus
  • Serviette de toilette
  • Papier toilette écologique + petite pelle

Du Larzac à la Méditerranée à VTT

Fin mai 2021, nous sommes partis une petite semaine avec nos VTT de Millau à Béziers. Nous avons suivi la GTMC (Grande Traversée du Massif Central à VTT) de Millau à Villeneuvette, puis des petites routes et chemins pour rejoindre l’étang de Thau. Enfin, nous avons longé le canal du Midi jusqu’à Béziers. En tout, environ 265km et 2700m de dénivelé, avec des vélos chargés et à un rythme contemplatif à travers des paysages incroyablement variés.

Dimanche 16 mai, 18h. Nous arrivons à Millau sous la pluie, après 3h30 de route depuis Lyon. Les vélos sont dans le coffre, les sacoches de bikepacking déjà en place. Il ne nous reste qu’à monter la roue avant, ouvrir la trace gps sur nos téléphones pour retrouver le point de départ, et c’est parti. Nous roulons 1h sous une pluie fine et un ciel sombre, le temps de sortir de Millau et monter sur le causse du Larzac. Nous trouvons un spot de bivouac idéal, avec toilettes sèches à quelques dizaines de mètres. Le vent souffle et la pluie tombe, mais nous sommes tout excités à l’idée du départ le lendemain.

Lundi 17 mai. Au petit matin, il fait 6°C dans la tente. Avec le vent et l’humidité, nos quilts prévus pour une température confort de 4°C ne sont pas de trop et Elisa, très sensible au froid, a même dû remettre sa doudoune pendant la nuit. Avec le vent qui souffle les nuages, nous espérons naïvement une amélioration des conditions météo pour les jours à venir. Il faudra cependant attendre de redescendre dans la plaine pour retrouver des températures plus clémentes. Lors de nos 3 jours entre le Larzac et le Salagou, les températures maximales ressenties ont rarement dépassé 10-11°C, avec de la pluie et du vent. Les conditions sont un peu rudes à l’image du causse que nous traversons, pourtant fleuri à cette période de l’année, mais nous sommes heureux d’être là. Lors de cette première journée, nous avons croisé plus de chevreuils (2) que d’êtres humains (0) sur les chemins. Malgré les barrières et clôtures pour encadrer les troupeaux de moutons, nous avons l’impression d’avoir ces immenses espaces pour nous.

Mardi 18 mai. Encore une nuit fraîche. C’est seulement la troisième fois que nous utilisons notre nouvelle tente en silnylon, un matériau plus souple et léger que le polyuréthane de nos précédents abris. Ce matériau à la particularité de se détendre lorsqu’il est humide : il faut bien tendre la tente pour éviter qu’elle ne s’affaisse pendant la nuit, ce que nous n’avons pas bien fait. A notre réveil, le double toit touche la chambre intérieure. Par capillarité, la condensation goutte sur nous. On a connu des réveils plus agréables… Heureusement, la trace de la GTMC nous fait une première surprise gastronomique en nous faisant passer devant le GAEC des Traversiers, fromagerie bio. Nous faisons le plein d’une délicieuse tomme de brebis, au fondant incroyable pour la version jeune, et au goût légèrement piquant pour la version plus affinée. Petit déjeuner cétogène de luxe qui nous remet bien d’aplomb.

La Couvertoirade est le plus joli et préservé des villages que nous avons traversé sur le causse du Larzac. Comme tous les jolis villages préservés de France, son activité économique tourne principalement autour du tourisme et l’on y retrouve les même commerces très authentiques qu’à Salers, Pérouges, Paimpont ou Locronan : crêperies, glaciers et boutiques de lithothérapie. Nous sommes heureusement hors saison et les ruelles sont désertes : nous profitons d’avoir le village rien que pour nous pour y flaner un moment.

Sur le Larzac, la trace emprunte principalement des pistes et chemins et assez peu de routes bitumées. Même si le dénivelé est faible, le terrain alterne entre gros cailloux, argile bien humide à cette période et flaques parfois profondes, ralentissant notre progression. A chaque flaque d’eau, il faut contourner : l’eau est très trouble et on ne voit pas le fond. Un motard devant nous a pris un bain involontaire en tombant dans un trou au milieu d’une flaque, et vu le vent et les températures nous préférons éviter l’expérience. Avoir les pieds mouillés est déjà assez pénible, pas besoin d’en rajouter.

Après Le Caylard, nous descendons du causse, directions le massif de l’Escandorgue. Les paysages changent, le relief se creuse et les pentes se couvrent de forêts. La densité de population est toujours très faible, ce qui semble attirer des individus en quête de retraite spirituelle ou d’expériences communautaires, en témoigne la présence de deux communautés de l’Arche (inspirées par Gandhi et la non-violence), autrefois pionnières dans la lutte du Larzac; du temple bouddhiste de Lerab Ling, inauguré et béni par le Dalaï-Lama en personne; d’autres communautés, notamment religieuses, peut-être liées à l’histoire ancienne templière et hospitalière de la région.

Mercredi 19 mai. Nous sommes réveillés par les jeux d’ombre et de lumière du soleil filtrant à travers les branches. Le ciel est bleu, nous descendons direction le Salagou. Petit à petit, la forêt sombre laisse place à une ambiance plus méridionale, accentuée par la ruffe, cette terre rouge du Lodévois qui lui donne parfois des airs d’Afrique. Une longue montée sur une piste bien caillouteuse nous amène à un magnifique point de vue d’où nous dominons d’un côté les paysages rouges et verts du Lodévois, de l’autre les sombres montagnes coiffées d’éoliennes et tachetées du jaune des ajoncs en fleur. Nous descendons ensuite jusqu’au lac du Salagou, où nous essuyons notre dernière grosse averse de la semaine. Le secteur étant pas mal fréquenté à cette période de l’année, nous préférons passer la nuit au camping. Ce sera de plus l’occasion de recharger nos batteries, qui ne tiendront probablement pas jusqu’à la fin de la semaine. Surtout le drone, gros consommateur d’énergie. C’est la première fois que nous l’utilisons et nous ne maitrisons pas encore ses capacités et ses limites : nous refaisons plusieurs fois des plans en variant l’altitude, les mouvements de caméras, bref nous tatonnons et cela à un coût énergétique.

Jeudi 20 mai. Le camping a ses avantages : douches, toilettes, eau à volonté, électricité… Mais aussi ses inconvénients : voisins bruyants, cadre pas vraiment charmant de parking à camping car… Nous ne sommes pas réveillés la nuit par l’aboiement rauque d’un chevreuil, mais par une dispute ou un apéro un peu bruyant chez nos voisins. Nous n’avons pas le plaisir d’écouter les chants et bourdonnements des oiseaux et insectes diurnes petits à petit remplacés par ceux de leurs homologues nocturnes. Pas de tourterelles ni de coucous pour nous saluer au petit matin. A la place, les publicités à la télévison des voisins…

Les successions de montées et descentes sur des terrains rugueux et notre chargement assez lourd commencent à épuiser Elisa dont les jambes ne répondent plus. Heureusement il fait beau, aujourd’hui nous roulons très peu, nous profitons du lac pour faire une bonne sieste au bord de l’eau. A Clermont-l’Hérault, nous trouvons un magasin de producteur : c’est l’anniversaire d’Elisa, pas question de manger de la semoule. Au bivouac de ce soir il y aura de la coppa, du fromage, des olives, du bon pain…

Vendredi 21 mai. La nuit n’a pas été très bonne… Nous avons très mal choisi notre emplacement de bivouac : beaucoup trop près de la ville, nous avons passé la nuit à tendre l’oreille à chaque bruit humain. Nous avons en plus monté notre tente sous des pins, sur une ancienne parcelle de ronces fraichement défrichée : au sol, de nombreux débris végétaux, souches, épines de pins… Malgré nos précautions (utilisation d’une couverture de survie sous la tente en complément du footprint), je perce mon matelas. Non pas à cause d’une faille dans le blindage que nous avons mis en place (et qui a bien tenu), mais à cause d’une épine accrochée à mes vêtements que j’ai accidentellement fait entrer dans la tente… Le trou est minuscule, impossible de le retrouver pour le réparer. Heureusement, cette mésaventure arrive en fin de randonnée, avec des températures douces, car je vais passer les 3 nuits restantes à dormir quasiment sur le sol. Pour nous dégoûter un peu plus, moins d’1km après notre départ, nous trouvons des dizaines d’emplacements parfaits… Tant pis pour nous, on progresse en faisant des erreurs.

Nous roulons quelques km de plus sur la GTMC, mais la journée un peu raccourcie d’hier n’a pas suffit à Elisa pour bien récupérer. Nous préférons mettre un terme à la randonnée et rejoindre l’étang de Thau par des petites routes pour profiter de la mer les deux jours qu’il nous reste. Notre objectif était de toute façon d’aller jusqu’au Salagou, la suite de la trace étant (sur le papier en tout cas) moins attractive en terme de paysages, à travers une région un peu plus urbanisée.

Sur la route, nous faisons un petit détour par Villeneuvette. Cette ancienne manufacture royale, fondée à l’époque de Louis XIV, avait pour vocation de produire du textile en grande quantité, pour l’export et pour la fabrication d’uniformes militaires. L’usine est désaffectée depuis longtemps et ses magnfiques bâtiments sont désormais occupés par des ateliers d’artistes, gîtes et petits immeubles anciens de charme (comme diraient les annonces leboncoin). Sur le fronton de l’usine, une inscription « Honneur au travail » rappelle vaguement un certain slogan allemand des années 40.

Samedi 22 mai. Journée repos à l’étang de Thau. Nous avons posé notre tente au camping Lou Labech à Bouzigues, petit camping tranquille et familial loin du tourisme de masse qui est malheureusement la norme à certains endroits autour de l’étang. Nous sommes identifiés comme « les courageux qui voyagent à vélo même pas électrique » par nos voisins camping-caristes. Tout au long de notre randonnée, pratiquement à chaque rencontre on nous a demandé si nos vélos étaient motorisés. Presque à chaque fois, notre réponse négative a entrainé une réaction ébahie. A croire que tout le monde a déjà oublié qu’il n’y a pas si longtemps, tous les vélos étaient musculaires uniquement.

Nous profitons de cette parenthèse sédentaire pour rouler un peu sans les sacoches et explorer les chemins autour de Bouzigues et Mèze. Nous découvrons ainsi les installations des ostréiculteurs le long de l’étang, dans une atmosphère bricolage/récup’ entre Le temps des gitans et Mad Max. On s’attablerait bien autour d’une assiette d’huîtres, mais il est trop tard pour la dégustation, on n’a pas réservé, et puis de toute façon fin mai elles sont laiteuses. On discute un peu avec un restaurateur qui nous explique qu’avec la situation sanitaire il ne peut pas ouvrir, car dans son restaurant on s’échange les plats et les bouteilles entre les tables, on se tient chaud et on parle fort. Dommage, ça avait l’air sympa, on reviendra. On se consolera avec une excellente glace au lait de brebis sur le port de Bouzigues. Cet animal aura décidément fourni une part importante de notre apport calorique cette semaine.

Dimanche 23. Dernier jour de balade. Il nous faut rejoindre la gare de Béziers, où un train nous ramènera à Millau. De Bouzigues, nous empruntons la voie verte jusqu’à Sète, qui n’existait pas lors de notre dernier passage en 2019. Nous croisons de très nombreuses personnes à vélo et même si beaucoup d’entre eux sont électrifiés, cela nous semble une révolution dans cette région accro aux transports motorisés.

A Sète, nous faisons un détour par le quartier de la pointe courte. Même s’il est devenu assez touristique, cet ancien quartier de pêcheurs rendu célèbre par Agnès Varda conserve une atmosphère unique. Au milieu des cabanons qui semblent construits de bois flotté et de vieux filets reyclés, de gros chats patibulaires se disputent la souveraineté sur les eaux d’une flaque avec une tribu de goélands, pendant qu’un vieux matou borgne guette de l’oeil qu’il lui reste le retour d’un pêcheur et de sa précieuse cargaison.

Après une dégustation de tielles, nous reprenons la route le long du lido. Nous espérions longer l’étang par des petits chemins que nous avions trouvé sur OpenStreetMap, malheureusement ils semblent tous privatisés par le domaine Listel. Des panneaux « propriété privée, accès interdit » tous les 10 mètres et des barrières nous dissuadent d’explorer plus. Déçus, nous rentrons dans le rang et longeons la plage en empruntant la voie verte limitée à 10km/h entre le parking et la dune. Nous sommes finalement soulagés d’arriver au canal du midi et ses chemins de terre défoncés qui s’annoncent un peu plus ludiques. C’est le cas pendant quelques km, puis au fur et à mesure que nous approchons de Béziers, le chemin devient bitumé et la foule de promeneurs du dimanche est de plus en plus dense. D’un point de vue vélocipédique, cette dernière journée aura été globalement ennuyeuse. Béziers ne nous inspire pas spécialement l’envie de flâner et nous sommes contents d’arriver à la gare à l’heure pour l’unique train pour Millau. Nous sommes d’ailleurs très surpris d’être pratiquement seuls dans le wagon : le train dessert pourtant de nombreuses gares entre les deux villes, parfois au milieu de nulle part. Malgré le prix symbolique du billet (1€), la région Occitanie ne semble pas parvenir à remplir ce train, qui est pourtant une aubaine pour les voyageurs à vélo.

Nous revenons donc à Millau au terme d’une semaine magnifique, malgré une météo très variable. Aucun regrets, seulement des envies de recommencer, sur les autres tronçons de la GTMC ou ailleurs.

Pour voir notre liste de matériel pour cette balade : c’est ici.

Cap Vert – Sao Vicente

Située au nord de l’archipel, Sao Vicente en est l’une des plus petites îles. Son chef-lieu est Mindelo, deuxième ville du pays en nombre d’habitants (environ 70000) et considérée comme sa capitale culturelle. C’est une étape obligatoire pour accéder aux randos magnifiques de Santo Antao. Ce fut également l’occasion d’une escale plage et culture un peu forcée (vol annulé) au milieu de notre voyage. Sans regrets : nous avons pu découvrir d’un peu plus près la vie quotidienne locale.

Mindelo

Mindelo est notamment connue pour être la ville d’origine de Cesaria Evora et pour son carnaval qui attire chaque année de nombreux touristes. Le port de Mindelo est une escale importante dans les croisières transatlantiques. Son immense (et magnifique) baie abritée est la dernière étape avant l’Amérique. On y croise de nombreux marins du monde entier et des bateaux de toutes tailles, de la barque de pêcheur aux cargos. Le centre ville minuscule se découvre facilement à pied, et contient quelques beaux batiments coloniaux dans des états divers. En périphérie, des bâtiments plus récents de toutes les couleurs égaient les rues de leur douces teintes pastel. Le street art est également très présent, ainsi que des fresques à vocation pédagogiques avec des messages principalement environnementaux. On retrouve ces fresques souvent peintes par les enfants des écoles dans toutes les villes et villages où nous sommes passés.

La plage de Laginha est la principale plage de la ville. On y retrouve une ambiance de Copacabana miniature : sportifs, couples, touristes… s’y retrouvent sur le sable blanc et les plus courageux se baignent même dans ses vagues. Le soir, de nombreux bars et restaurants en fond un secteur animé.

La plage de Laginha, en semaine et en « hiver ».

Les marchés de Mindelo

Le marché de Mindelo est également un spectacle permanent. Des femmes taillées comme des lutteurs, coiffées de bandana y portent sur la tête des paniers de fruits et légumes qui paraissent particulièrement lourds. Au marché aux poissons, les pecheurs déchargent directement depuis leurs barques d’énormes thons, mérous de toutes les couleurs et toutes sortes d’autres poissons, qui sont immédiatement découpés au milieu des chiens qui attendent qu’on leur jettent leur part.

Plus loin, le marché couvert se distingue par son calme. Nous y sommes allés plusieurs fois, à des heures différentes, mais sans jamais y trouver l’effervescence que nous imaginions. On y vend notamment des produits transformés : paniers en osiers et matériaux de récupération, confitures de papaye, goyave ou mangue, mel (mélasse de canne à sucre servant notamment à la fabrication du ponche do mel, sorte de rhum arrangé, et aux bolos do mel, biscuits qu’on trouve un peu partout). Enfin la dernière partie du marchée est occupée par des petites boutiques d’artisans et des marchands de tissus et souvenirs venus du continent (Sénégal et Guinée notamment).

A Mindelo nous avons passé 3 nuits au Si Ma Bo Hostel, situé dans un quartier résidentiel entre le centre ville et la plage de Laginha. C’est une auberge de jeunesse tenue par Silvia, une italienne exubérante et très accueillante, dont les bénéfices financent une association de protection des animaux des rues. Le soir où notre vol a été annulé, toutes les chambres étaient occupées. Nous avons été hébergés dans les locaux de l’association où nous avons passé la soirée entourés de chatons beaucoup trop mignons… Merci Si Ma Bo ! Le site web de l’asso : https://simabo.org/

Le reste de l’île

L’île est petite et bien desservie en aluguers (minibus). Pour des raisons d’annulation de vol nous avons du y rester un peu plus longtemps que prévu. Les paysages assez lunaires ne sont pas particulièrement variés : la végétation basse et épineuse est assez rare. Quelques villages et plages bordent la côte et sont surtout réputés pour le surf, le kitesurf et la planche à voile. Nous y étions en novembre, en pleine saison des alizées, et c’est clair que ça souffle !

Nous avons visité le village de Baia das Gatas (baie des gatas, sortes de petits requins innofensifs). Nous espérions y faire du snorkeling, mais les conditions étaient plutôt propice aux sports de glisse ce jour là. L’été ce doit être plus sympa, d’ailleurs c’est à Baia das Gatas qu’à lieu le plus gros festival de musique de l’archipel et apparemment, c’est quelque chose.

Sao Pedro

Nous avons également visité le village de Sao Pedro. Ce village n’était pas mentionné dans notre guide touristique et nous a été conseillé par un volontaire de Si Ma Bo. Sa grande plage est pourtant magnifique, pratiquement déserte à cette période de l’année. De plus, la proximité de l’aéroport permet d’observer des atterissages d’avion tout en se baignant, ce qui est plutôt inhabituel. Des entrepreneurs locaux ont mis en place des tours en barque pour aller voir les tortues de mer. Malheureusement ils pratiquent le feeding (nourrissage d’animaux sauvage pour les appâter), ce qui n’est pas une super pratique… De toute façon pas besoin d’aller loin pour voir des tortues : elles viennent d’elles-même à quelques mètres du rivage. On y observe également des poissons trompettes, mérous et autres espèces de toutes les formes et couleurs qui pulullent dans les coraux. Belle découverte !

Cap Vert – Santo Antao

Santo Antao est l’île la plus au nord de l’archipel. C’est également la plus isolé : son petit aéroport a fermé en 2012 pour des raisons de sécurité et c’est la seule île de l’archipel accessible uniquement par la mer. La traversée depuis Mindelo est d’ailleurs assez épique, la mer étant plutôt formée. Au moment du départ, les employés de la compagnie maritime distribuent des sacs en plastique pour vomir, ce qui mets dans l’ambiance… L’isolement de l’île et son relief particulièrement chaotique rendent l’île un peu moins développée économiquement que le reste de l’archipel. L’agriculture, principalement vivrière, est sa principale ressource. Cette particularité la rend très attractive pour les touristes à la recherche d’authenticité et de paysages naturels spectactulaires, et depuis quelques années l’éco-tourisme et la randonnée s’y développent. Cerise sur le gateau, le grog (nom cap verdien du rhum) de Santo Antao est réputé être le meilleur de l’archipel 😉

Porto Novo

Depuis la fermeture de l’aéroport, l’arrivée à Santo Antao se fait obligatoirement par le port de Porto Novo, plus grande ville de l’île (environ 10000habitants), sur la côte sud. C’est une jolie petite ville aux façades multicolores, et aux barques de pêche abritées du soleil sous les tamariniers. La ville, plutôt calme, s’anime à l’arrivée des ferrys. Les chauffeurs de pickup et minibus se pressent alors à la sortie du bateau pour déposer leurs passagers et en chercher de nouveaux. Des vendeurs de fruits et légumes déploient leurs étals de mangues, noix de coco, papayes et autres. L’effervescence dure quelques dizaines de minutes et une fois tous les voyageurs embarqués dans les pickups et minibus, l’atmosphère retombe, les vendeurs replient leurs étals et disparaissent, et seuls le bruit des vagues, le vent et une musique venant d’une fenêtre ouverte troublent le silence.

Arrivée à Porto Novo depuis le ferry

Tarrafal de Monte Trigo

Nous avions rendez-vous avez un conducteur de pickup pour nous rendre à Tarrafal de Monte Trigo, village mythique de Santo Antao. Tarrafal est situé à l’extrémité ouest de l’île dans une baie protégée du vent par les 1979m du Tope da Coroa, le plus haut sommet local. Ce petit village de quelques centaines d’habitants, pratiquement tous pêcheurs ou agriculteurs, est le dernier endroit habité par des humains avant l’Amérique.

Si Tarrafal est si réputé, c’est justement pour son côté bout du monde. D’autant plus qu’il n’est connecté à la civilisation que par une piste praticable uniquement en 4×4, qui traverse les hauts plateaux de l’île peuplés uniquement de quelques bergers et leurs chèvres qui paissent dans un paysage absolument lunaire. Après 3h sur la plateforme d’un pickup à manger de la poussière dans le froid des hauts plateaux, on est content de trouver la douceur de Tarrafal.

Au premier abord, ce village ne nous a pas du tout séduits. Plutôt le contraire : sa réputation en a fait un lieu de prédilection du tourisme « vert », et les écolodges et restaurants « authentiques » pour riches européens fleurissent le long de la plage. Au début, on se sentait un peu observés par les locaux, mais pas non plus à l’aise avec les autres touristes, plutôt des « vieux riches » venus ici pour se reposer entre eux. Finalement grâce à Rui, homme à tout faire de notre gite qui parlait super bien français et nous a un peu guidés dans le Tarrafal « caché », et David, gérant du club de plongée avec qui nous avons fait un baptême et qui nous a mis en contact avec des pêcheurs pour une sortie en mer, nous avons trouvé nos marques et nous nous sommes finalement sentis super bien dans ce petit village.

La plupart des touristes qui viennent à Tarrafal pratiquent les activités suivantes :

-plongée / snorkeling 

-randonnée entre Tarrafal et le village de Monte Trigo, accessible uniquement à pied par un sentier qui longe la côte (environ 3h30 de marche) et retour par la mer en bateau-taxi

-randonnée entre Tarrafal et le village de Monte Trigo, accessible uniquement à pied par un sentier qui longe la côte (environ 3h30 de marche) et retour par la mer en bateau-taxi

Nous n’avons pas fait la balade de Monte Trigo, mais une autre qui remonte la Ribeira de Tarrafal par un sentier, puis en marchant sur des canalisations… C’est folklo, mais pas trop recommandé pour les personnes sensibles au vertige, ni par temps humide, ni en claquettes…

La route de Corda

La route de Corda est une ancienne route pavée reliant Porto Novo sur la côte sud à Ribeira Grande au nord, en passant par les sommets de l’île. Cette route magnifique passe par pratiquement tous les paysages de l’île : champs de pouzzolane (roche volcanique servant de matériau de construction), cultures en terrasse, forêt de conifères et vallée humide et luxuriante. Depuis la construction de la route cotière, celle de Corda n’est plus empruntée que par les touristes et les quelques habitants des villages des montagnes. La plupart des chauffeurs de pickup font la route en 1h, mais nous avons eu la chance de tomber sur Leny, ancien technicien agricole reconverti qui nous a fait la version touristique avec explication de paysage et arrêts à tous les points de vue.

Santo Antao – Nord

Les villes : Ponta do Sol, Ribeira Grande

Ponta do Sol (la pointe du soleil), est la ville située à l’extrémité nord de l’île. C’est ici qu’atterrissaient les avions avant la fermeture de l’aéroport. Aujourd’hui, c’est une petite ville touristique où des hôtels un peu vieillots cohabitent avec des petites maisons colorées le long d’un port où des barques de pêche multicolores attendent de prendre la mer. Ponta do Sol a un côté assez charmant, à la fois touristique mais sans que cela ne semble trop altérer les relations entre les locaux et les étrangers, et les soirées s’écoulent dans une lenteur de bout du monde, au rythme mélancolique des guitares et cavaquinhos, des verres de ponche bus sur des chaises en plastique devant la maison, à peine perturbées par des coupures d’électricité.

Bien que ce soit l’endroit le plus facile pour trouver un hébergement dans le secteur, ce n’est pas forcément l’idéal ensuite pour randonnée : la plupart des minibus partent de Ribeira Grande, la « grande ville » locale située sur la côte, et remontent ensuite les vallées vers les différents villages. Ribeira Grande n’est pas vraiment touristique, pourtant elle a une atmosphère qui respire l’authenticité et de jolis bâtiments coloniaux. Curiosité locale : le village de Sinagoga, ancienne colonie de juifs du bout du monde.

Randonnées dans la vallée de Paul, ribeira do Figueiral et Fontainhas

Nous avons fait deux randonnées dans le secteur : la randonnée de la vallée de Paul, qui part du cratère embrumé de Cova sur les hauteurs de l’île et descend jusqu’à Pontinha da Janela, terminus des bus. Ce tronçon est magnifique mais malheureusement très touristique : nous n’avons pratiquement jamais été seuls sur le chemin. Nous avons décidé de prolonger la rando en suivant notre instinct et des sentiers qui nous ont mené dans la ribeira do Figueiral, vallée parallèle à celle de Paul, tout aussi verdoyante (canne à sucre, caféiers, ignames, bananiers…) mais tellement moins fréquentée que nous n’y avons croisé que quelques agriculteurs à l’heure du repas des cochons, dont nous avons appris le petit nom créole (tchouk).

La longue descente de la vallée nous ayant bien cassé les pattes, le jour suivant nous nous sommes contentés d’une balade plus tranquille le long des falaises volcaniques de la côte nord, de Ponta do Sol à Formiguinhas en passant par le magnifique village de Fontainhas pour oxygéner nos jambes courbaturés. Roche noire, ocre et rouge, mer bleue, maisons multicolores et quelques touches de vert : c’était court mais on en a quand même pris plein les yeux.

Une balade à vélo en Bretagne

A la base on avait prévu de faire un grand voyage à vélo cette année, mais la période étant un peu particulière, il était difficile de planifier où nous allions passer nos prochaines vacances. La famille étant en Bretagne, c’était l’occasion de passer dire bonjour, et puis ça faisait un moment qu’on n’avait pas passé du temps dans la région. Les escales chez la famille et les amis ont un peu haché les étapes… Sans parler des pauses creperies et des chouettes plages ! Bref, au final on a pas roulé tant que ça, mais c’était cool.

L’itinéraire à vélo

Nous sommes partis de Lorient et nous avons plus ou moins longé la côte jusqu’à Lannion. Puis nous sommes revenus par l’intérieur des terres et la voie verte de Morlaix à Rosporden. En 6 jours de vélo nous avons roulé environ 470km (sans compter les détours), et grimpé 4300m de dénivelé, avec des journées moyennes de 78km et 718m de dénivelé. Nous avons roulé à 25% sur des chemins, et à 75% sur du bitume (principalement des petites routes pratiquement désertes). Et nous avons fait des pauses baignades pratiquement tous les jours 🙂

En dehors de la trace présentée sur la carte ci-dessous, nous avons également passé une journée sans sacoches à nous perdre sur les petites routes et chemins autour de Lannion. Nous n’avons pas enregistré notre trace et serions bien incapable de dire par où nous sommes passés et la distance que nous avons parcourue, mais c’était super chouette.

Ayant choisi notre destination la semaine précédant le départ, nous avions calculé un itinéraire « à l’arrache » sur Komoot à partir des endroits sympas que nous connaissions, de ceux qu’on avait envie de découvrir et des étapes pour visiter la famille. Au final on s’est souvent retrouvés à rouler sur la véloroute littorale, et on a un peu laché notre GPS pour suivre les panneaux et notre instinct.

Voir en plein écran

La véloroute littorale

La véloroute littorale est un réseau d’itinéraire cyclables qui a pour vocation de faire le tour de la Bretagne par la côte. A l’été 2020, l’itinéraire n’était pas complet, mais les portions réalisées étaient vraiment super : très bien balisées, et surtout itinéraire très sympa par des petites routes et des chemins. Rien à voir avec les autoroutes à vélo parfois monotones comme la Viarhona ou le canal de Nantes à Brest.

Si c’était à refaire, on prévoierait un peu plus de temps et on se contenterait de suivre cette véloroute là où elle existe, en gardant le GPS pour les tronçons pas encore aménagés (mais qui le seront certainement bientôt).

Page de la véloroute littorale sur le site de france vélo tourisme.

La véloroute 7 de Morlaix à Rosporden

Rallier la côte nord et la côte sud en train en Bretagne, qui plus est avec des vélos, peut parfois s’avérer compliqué. Comme il nous restait un peu de temps, nous avons choisi de rentrer à Lorient par la véloroute 7, qui traverse la Bretagne du nord au sud de Morlaix à Concarneau, en passant par la gare de Rosporden où nous avons pris le train pour rentrer. Cette véloroute est une ancienne voie ferrée dont certaines gares ont été aménagées pour servir d’étapes. Comme les voies ferrées, c’est malheureusement très rectiligne, bordé d’arbres qui masquent la vue, et plat. C’était d’une telle monotonie que nous avons parcouru les plus de 100km en une traite alors que nous pensions prendre notre temps sur deux jours.

La seule photo prise sur la véloroute 7

Les étapes incontournables

De Lannion à Morlaix

Les paysages sont tout simplement magnifiques, et en septembre nous avions pratiquement la route pour nous. Cerise sur le gateau : nous avons roulé quelques dizaines de metres en compagnie d’une buse qui volait à quelques mètres seulement de nous, c’était magnifique. C’est aussi la seule étape où nous n’avions pas prévu à pic nic et la seule où nous avons eu un peu de mal à trouver où manger…

De l’usine de galets de Treguennec à la pointe du Raz

L’usine de galets de Treguennec, située dans la baie d’Audierne, a été construite par les nazis pour extraire et concasser des galets qui servirent ensuite à la construction des bunkers du mur de l’Atlantique. Aujourd’hui, c’est un spot de surf et de street art perdu au milieu de nulle part et il s’en dégage une atmosphère vraiment particulière, surtout à cette période de l’année où la saison touristique touche à sa fin et où nous sommes pratiquement seuls.

La route longe ensuite la côte jusqu’à Audierne en enchainant les montées et les descentes avec une vue magnifique. Avec la lumière du soir et le soleil qui se couche petit à petit dans la mer, c’est juste magnifique.

Audierne est un joli port de pêche à l’embouchure d’une ria (estuaire), comme souvent en Bretagne. A partir d’ici, la route traverse le cap Sizun jusqu’à la pointe du Raz, en passant par des petits villages, déserts à cette période de l’année.

La pointe du Raz est un passage réputé parmi les marins pour sa difficulté, avec de nombreux rochers, des courants très forts et des tempêtes qui peuvent être violentes. Lors de notre passage il n’y avait pas le moindre vent (chose rare), et nous avons bien pu profiter de la vue sur l’île de Sein, la presqu’il de Crozon et la baie d’Audierne. On y a même vu des dauphins et une baleine.

Les autres lieux sympa

Quimper, Pont Aven, la côte sud

Morlaix

Lannion et la côte de granit rose

Douarnenez

Autour de la presqu’île de Crozon

Nous connaissions déjà la presqu’île et nous n’avions pas suffisamment de temps pour profiter vraiment de ses paysages. Nous avons donc rallié la baie de Douarnenez à la rade de Brest, en passant autour de la presqu’île.

Tenerife – Parc National du Teide

Le Teide est une montagne de records. Du haut de ses 3718m, c’est le plus haut sommet d’Espagne, de l’océan Atlantique et le 3e plus haut volcan marin au monde. L’ancien cratère s’est effondré lors d’une précédente éruption, laissant place à une vaste caldeira, les cañadas du Teide : un plateau à plus de 2000m au dessus de la mer couvert de champs de lave, de canyons et rochers aux formes étranges. On se croirait sur Mars. D’ailleurs, c’est ici qu’un observatoire international a été installé pour observer les étoiles en 1964. Pas pour l’ambiance de science fiction du site, mais plutôt pour son ciel clair, dégagé et sans pollution lumineuse.

L’ascension du Teide nécessite un permis, qu’il faut demander plusieurs semaines à l’avance, avec un nombre de places restreints par jour. Elle peut se faire à pied (pour les bons marcheurs quand même), ou par un téléphérique. Notre plan initial était de passer la nuit au refuge Altavista situé à 3250m d’altitude et accessible par le téléphérique. Le lendemain nous aurions effectué l’ascension un peu avant le lever du soleil, pour pouvoir admirer l’ombre du volcan se projeter sur la mer de nuages. Malheureusement lors de notre passage, les conditions climatiques n’étaient pas favorable (tempête de neige annoncée), et notre timing trop court pour reporter l’ascension. Nous avons du nous contenter de faire le tour de la caldeira, ce qui nous a permis d’admirer le sommet sous tous les angles.

Pour passer la nuit au refuge Altavista, il est indispensable de réserver sur le site web du parc national. Les places sont très limités et en période touristique, il vaut mieux s’y prendre à l’avance.

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Tenerife – Parc naturel du Teno

Le parc naturel du Teno est un situé à la pointe nord ouest de l’île. Comme l’Anaga, sa position face aux vents et à la mer et son altitude entraînent une diversité de paysages importante. On y trouve des vallées verdoyantes, de grandes falaises face à la mer, des plateaux verts où l’ont élève des chèvres, et des secteurs beaucoup plus arides où poussent cactus et plantes grasses.

Au large des falaises de Los Gigantes, il est fréquent de voir des cétacés. Une colonie de dauphins y vit d’ailleurs de façon permanente et des bateaux partent tous les jours de la marina de los Gigantes pour emmener les touristes comme nous les voir de plus près. C’est également l’occasion de s’approcher des falaises par la mer et de piquer une tête dans l’eau clair de l’anse de Masca, accessible uniquement par la mer ou par un sentier très fréquenté.

Lors de notre séjour nous étions basés à Alcala, petit village côtier un peu à l’écart du massif. C’est un endroit agréable pour profiter de la mer, il y a une petite anse assez abritée et peu profonde avec une belle faune marine : gros crabes rouges, oiseaux, pas mal de poissons, parait-il des tortues (mais on ne les a pas vu) le tout sur fond de roche volcanique : top pour le snorkeling ! On y est beaucoup plus tranquille que dans la foule d’allemands/anglais/russes de los Gigantes (la grosse station balnéaire du coin, à fuir…).

Randonnée dans le massif du Teno

Dans ce massif nous avons fait une seule randonnée, sur une petite journée. Nous sommes partis de la vallée d’El Palmar et son volcan en partie effondrée, dans une atmosphère douce et humide. Nous sommes ensuite montés sur le plateau de Teno Alto où est fabriqué le fromage de chèvre, puis nous sommes redescendus jusqu’au phare de Teno dans une ambiance beaucoup plus aride, voir presque apocalyptique sur la fin avec le ciel bouché et la pluie qui commençait à arriver.

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Tenerife – Les villes

La colonisation espagnole de l’île a commencé à la fin du 15e siècle, les Canaries étant une escale importante sur la route des Amériques. Plusieurs villes historiques ont conservé une belle architecture coloniale de cette époque : La Laguna, La Orotava, Garachico… Les batiments anciens mélangent souvent des matériaux locaux comme le bois et la roche volcanique noire, avec des murs peints aux couleurs variées. La capitale Santa Cruz mixe architecture coloniale et moderne avec notamment des oeuvres architecturales de Cesar Menrique, artiste local a la réputation mondiale.

La Laguna

La Laguna est la capitale historique de l’île. Située en altitude pour échapper aux attaques des pirates, sa position est centrale entre les massifs d’Anaga, du Teide et les côtes nord et sud de l’île.

Santa Cruz

Santa Cruz est la capitale actuelle et la ville la plus peuplée de l’île avec 210 000 habitants. Depuis 1927 elle est également co-capitale de l’archipel des Canaries avec la ville de Las Palmas de Gran Canaria, située sur l’île de Gran Canaria. C’est également un port important, on y voit de nombreux cargos et bateaux de croisières. C’est une ville agréable avec des quartiers coloniaux anciens et un front de mer moderne. Malgré sa position sur le littoral, la ville ne dispose pas de plages, ni de réel accès à la mer pour les habitants et touristes. La plage artificielle de las Teresitas a été aménagée dans le village de San Andres, en periphérie de la ville pour permettre aux habitants de profiter de la mer. Malgré le fait qu’elle soit artificielle, c’est une des plus belles plages de l’île, avec son sable jaune importé du Sahara (à quelques centaines de km seulement d’ici), ses palmiers canariens et les montagnes de l’Anaga en arrière plan. En semaine c’est le spot des sportifs locaux : nous y avons croisé pas mal de cyclistes, coureurs et nageurs.

Plus proche du centre ville a été aménagé le parc maritime Cesar Manrique, composé de bassins artificiels alimentés en eau de mer. C’est un bel endroit pour faire trempette, plus dédié à la détente qu’au sport et jeux (en tout cas c’est l’impression qu’on a eu !). On y trouve également l’auditorium de Santa Cruz, dessiné par le fameux Cesar Manrique.

A côté du parc maritime se trouve le Palmetum, jardin botanique dédié aux palmiers construit sur une ancienne décharge. C’est un endroit paradisiaque regroupant entre autres des palmiers du monde entier, et habité par des papillons et oiseaux, notamment des huppes fasciées (l’oiseau de Kirikou).

Le vieux Santa Cruz

La Orotava

La Orotava est une des principales villes de la côte nord. Située face à la mer sur les pentes du Teide, le ciel y est plutôt couvert une bonne partie de l’année, et la végétation luxuriante. On peux y visiter de magnifiques anciennes maisons coloniales.

Garachico et Icod de los Vinos

Tout au nord de l’île se trouvent les villes de Garachico et Icod de los Vinos. Ce sont des petites villes voisines plutôt bien préservées. Garachico était le principal ports de l’île avant d’être partiellement détruit en 1706 par l’éruption du Pico Viejo.

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Tenerife – parc naturel d’Anaga

Le massif d’Anaga forme une barrière naturelle culminant à plus de 1000m au nord-est de l’île. Sa position géographique et son relief abrupt en font une barrière naturelle face aux alizées, les vents dominants dans cette partie de l’Atlantique. On y observe de nombreux micro-climats, de la côte sud aride aux crêtes embrumées.

Nous avons randonné deux jours dans l’Anaga, avec nuit en bivouac dans le village de Roque Bermejo.

20km

900m

1200m

En plus de ces 20km, il faut compter 8km le long de la route des crêtes du terminus du bus au point de départ de la rando. Nous les avons fait en alternant marche et autostop sans trop de difficulté.

Le début de la rando était peu fréquenté, alternant entre petits villages sur des crêtes, forêts des brumes typiques des Canaries et versants ensoleillés avec une végétation plus aride (cactus, agaves…). La partie de Chamorga jusqu’au village de Roque Bermejo est facile, sur des chemins larges et majoritairement descendants. C’est aussi la plus fréquenté, mais au mois de mars nous étions quand même plutôt tranquilles.

La première journée se conclut au magnifique village de Roque Bermejo, accessible uniquement à pied par le chemin que nous avons emprunté, ou par la mer. Plus que 3 résidents permanents lors de notre passage en mars 2019. Ils vendent des boissons aux touristes de passage et nous ont suggéré un emplacement pour bivouaquer à côté du village. D’après eux il faisait un peu froid pour bivouaquer, mais quand on leur a dit qu’en ce moment dans notre région c’était la saison du ski, ça les a fait relativiser… Le lendemain matin, on a croisé le vieux de corvée qui montait à pied faire les courses au village avec son chat et ses chiens.

Malgré un faible dénivelé, la partie entre le phare d’Anaga et le village d’El Draguillo est difficile voire dangereuse : sentier étroit et escarpé, par endroits glissant (même par temps sec) et assez vertigineux. Les points de vue sont malgré tout impressionants, et on n’y a vraiment pas croisé grand monde.

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