Pays Catalans

Le grand départ

19 février 2022. Nous passons notre première nuit de bivouac de ce voyage dans notre appartement vide. Alors que nous avons passé près de 3 ans dans ce logement, dont deux en confinement puis en télétravail, il est plutôt étrange de camper dans notre chambre. Une journée marathon nous attends le lendemain : rendez-vous à 9h avec les propriétaires pour l’état des lieux de sortie avant de pédaler jusqu’à la gare, démonter nos vélos et sauter dans le train pour Gérone. Cela fait 4 ans que nous vivons à Lyon et depuis le début, nous savons que ce n’est qu’une étape avant le grand départ. La pandémie aura un peu retardé nos projets mais maintenant ça y est, nous partons.

Nos vélos prêts au départ à Gérone

Gérone est au vélo ce que Courchevel est au ski : une destination sportive d’hiver pour les riches cyclistes d’Europe du Nord qui viennent rouler une semaine au soleil sur des vélos en carbone, avant de retourner dans la grisaille et le froid d’Angleterre, d’Allemagne ou de Scandinavie. Avec nos lourds vélos en acier, nous faisons un peu tache dans le décor. Qu’importe, l’aventure nous appelle. Sous un beau soleil de fin d’hiver, nous rejoignons la trace de l’European Divide, qui passe quelques kilomètres plus loin, dans les montagnes. Cette trace relie le Cap Nord, en Norvège, au cap Saint Vincent, extrémité sud-ouest de l’Europe au sud du Portugal. Bien que le tracé soit encore un peu jeune et mériterait quelques retouches pour être bien abouti, nous avons choisi de nous en inspirer pour le début de notre voyage en Espagne. La variété des paysages de l’arrière-pays catalan nous étonne. Nous roulons aussi bien à travers des forêts touffues que des garrigues arides et des paysages cultivés alternant entre vigne, oliveraies et amandiers en fleurs. Le village de Poboleda, dans la region du Priorat est pour moi l’occasion d’une pause nostalgie. C’est dans ce village que j’ai passé mes premières vacances à l’étranger avec mes parents, quand j’avais 9 ans. Le camping, dont nous étions les tous premiers clients est aujourd’hui fermé et laissé à l’abandon. Pour le reste, la région est toujours assez fidèle à mes souvenirs, en plus touristique.

Les rubans jaunes

Si les paysages et les villes que nous traversons en Catalogne sont d’une diversité remarquable, une chose est immuable : le régionalisme catalan est omniprésent. Partout où nous passons, des rubans jaunes ornent les façades des bâtiments et le mobilier urbain. Les panneaux d’information et autres documents officiels sont écrits dans une seule langue, le catalan. Des drapeaux catalans flottent à toutes les fenêtres et des portraits des prisonniers politiques ornent les mairies. A Vic, nous traversons la ville en pleine manifestation indépendantiste. Impressionnant. A Tivissa, un vieux monsieur refuse de nous parler castillan. Heureusement, la langue catalane est plutôt facile à comprendre : on dirait presque de l’espagnol avec un accent chantant du sud-ouest de la France.

Les paysages que nous traversons en suivant l’European Divide sont magnifiques mais la route est exigeante. Nos vélos trop lourds et nos muscles pas encore affutées en ce début de voyage nous obligent à aller très lentement et à beaucoup pousser. Nous décidons de quitter la trace pour rejoindre la côte au Delta de l’Ebre pour faire une petite pause. Ce delta ressemble beaucoup à la Camargue. La riziculture occupe pratiquement tout l’espace, le reste est constitué de marais, le tout peuplé de nombreux oiseaux. C’est une destination prisée des passionnés d’ornithologie, mais aussi des chasseurs : à 7h pile du matin, nous sommes réveillés par des salves de tir provenant de tous les côtés. On décampe, pas le temps de trainer !

Le temps qui se dégrade nous incite à rester sur la côte. Si les paysages ne sont pas les plus beaux, et les routes pas les plus agréables, au moins nous enquillons les bornes. Nous roulons à travers d’immenses villes balnéaires telles que Marina d’Or, vides à cette période de l’année. Seuls à vélos sur une quatre voies déserte, au milieu d’hôtels et de parcs d’attractions fermés, nous avons un peu l’impression d’être avec Will Smith dans le film « Je suis une légende ». Les stations balnéaires laissent ensuite la place aux grandes cultures. Nous roulons à travers des parcelles d’oranger à perte de vue, lorsque le déluge commence. Alors que dans l’arrière-pays nous pouvions monter notre camp pratiquement n’importe où, nous découvrons qu’il est très difficile de trouver un abri sur la côte : tout l’espace est soit construit, soit cultivé. Et lorsqu’il est cultivé, il est également vidéosurveillé et souvent grillagé. Trempés et un peu découragés, nous repérons sur Komoot une zone naturelle marécageuse, avec des observatoires pour les oiseaux, une vingtaine de kilomètres plus loin. Il fait nuit, il pleut des cordes, nous roulons à travers des champs et une zone industrielle, le long de l’autoroute dont les phares des voitures nous éblouissent. Lorsque nous arrivons enfin, le silence de la nuit n’est plus troublé que par les cancanements des canards et le bruissement des ailes des ibis posés sur le toit du refuge, ignorant notre présence. Nous n’allumons pas nos lumières et nous montons la tente en silence pour ne pas les déranger. Le toit du refuge fuit, nous sommes trempés, mais l’endroit est tranquille et demain nous serons à Valence, dans un lit.

A Valence nous découvrons à quel point il est bon d’avoir une douche chaude, un lit et un toit quand il pleut. Nous ne nous en rendions pas compte tant que nous roulions, mais nous sommes crevés. Nous restons quelques jours en ville pour dormir beaucoup, visiter un peu et préparer la suite du voyage. La météo n’est pas très engageante : pluie, pluie, pluie, aussi loin que vont les prévisions. A Majorque, c’est un peu moins pire. Le ferry n’est pas très cher, nous choisissons d’aller y passer les deux semaines suivantes, espérant que la situation s’améliore sur le continent pendant ce temps.

Majorque

Si Gérone est le Courchevel du vélo, Majorque en est le Gstaad. L’île est sillonnée par des hordes de cyclistes majoritairement anglais ou allemands qui roulent en peloton. J’ai l’impression d’être dans une version réelle d’un des mondes virtuels de Zwift. Contrairement aux cyclistes espagnols du continent, très chaleureux, la plupart des vacanciers en « cycling holiday » de Majorque nous snobent totalement et ne répondent même pas à nos saluts… Nous découvrons à nos dépens que le bivouac est également très compliqué sur l’île : l’habitat est dispersé et dense, presque toutes les parcelles sont privées et construites. De plus, la ressource en eau de l’île est surexploitée par l’industrie du tourisme, et les fontaines publiques sont toutes fermées. C’est un véritable challenge de voyager à vélo ici, et la météo plutôt changeante ne rends pas les choses plus confortables. J’ai l’impression d’être prisonnier de l’île : je ne m’y sens pas du tout à ma place, mais entourés par la mer, nous ne pouvons pas partir. Heureusement, nous trouvons dans la Sierra Tramontana des refuges où nous pouvons nous abriter, puis un camping de randonneurs géré par des bûcherons qui nous fournissent des bûches pour nous réchauffer. Et surtout, nous entrons en contact avec Pablo, qui sera notre premier hôte warmshower. Pablo vient d’acheter une finca de l’autre côté de l’île, avec un grand verger et une très vieille ferme qu’il prévoit de retaper. Pour l’instant il n’y a pas d’eau courante, pas de toilettes, mais il y a un toit et même l’électricité. Il nous propose d’y rester quelques jours : nous sautons sur l’occasion. Après Pablo, nous serons hébergés par deux autres hôtes warmshower à Majorque. Tous nous ont fait changer notre regard sur l’île : je ne pense pas y retourner un jour, mais au moins j’en garde un souvenir un peu plus positif grâce à ces rencontres.

Tour du Pays Basque – Les montagnes

Première partie de l’histoire ici.

Après avoir bien profité des douceurs du littoral et des excès de la grande métropole basque, nous décidons de nous mettre au vert et de passer la semaine suivante à explorer les montagnes de l’intérieur. L’objectif est d’arriver à Pampelune le samedi suivant : cette ville connue pour ses férias si bien racontées par Hemingway devrait clore de façon animée cette semaine nature. Après quelques recherches, nous identifions 3 petits massifs qui nous semblent intéressants entre Bilbao et Pampelune : la Sierra Salvada, le massif de Gorbeia et la Sierra de Urbasa.

Sierra Salvada

La sierra Salvada est un plateau formant une frontière naturelle entre le Pays Basque et la Castille. D’après une légende locale, son nom viendrait d’une bataille médiévale entre basques et castillans. Après avoir pris une belle branlée par les basques, les castillans auraient réussi à s’enfuir par ce massif en criant « Salvo Somos » (nous sommes saufs).

La première chose qui nous frappe en arrivant au pied de cette sierra est le changement marquant de climat par rapport au littoral, seulement 30km plus au nord. Il fait chaud et sec, la végétation n’est plus du tout luxuriante. Les seules fleurs que nous voyons sont des crocus des pyrénées, petites fleurs roses emblématiques de la péninsule ibérique qui ont l’air d’apprécier la bouse de vache. Nous atteignons le col d’Aro après une longue et raide montée heureusement ponctuée de nombreuses fontaines. Nous ne croisons personne, à part des bergers en pickup. Ambiance Western, accentuée par le vol des nombreux vautours.

Nous trouvons un refuge dans une clairière déserte. Le silence est troublé uniquement par les cloches des vaches, l’eau d’une source et, plus tard dans la nuit, l’orage et la pluie. Nous sommes le 31 août et l’été est fini. En une nuit, les températures ont baissé de 10 degrés et les arbres sont passés de leur feuillage d’été à leur tenue d’automne.

Gorbeia

Culminant à 1481m au dessus de la mer, Gorbeia est le plus haut mont de Biscaye, la province la plus occidentale du Pays Basque. Il a donné son nom au massif et au parc naturel qui l’entoure. Contrairement à la Sierra Salvada qui fait partie de la chaîne méridionale des montagnes basques, Gorbeia appartient à la chaîne septentrionale. Plus proche de la mer et plus haut, il forme une véritable barrière face aux précipitations venues de l’Atlantique. Par conséquent, la végétation y est plus dense. Les ajoncs et bruyères en fleurs, les forêts de pins et la pluie nous évoquent l’Ecosse.

Partis trop tard d’Amurrio, nous sommes rattrapés par l’orage avant d’avoir pu trouver un abri pour la nuit. Abrités sous un viaduc autoroutier au pied du massif, le temps semble long. Il pleut des cordes, et ça ne semble pas près de s’arrêter. Nous décidons de tenter notre chance avec une chapelle repérée sur la carte à quelques kilomètres, un peu plus haut. En quelques minutes, nos vestes de pluie, plus très étanches, atteignent leur point de saturation et nous sommes trempés alors que nous n’avons même pas encore attaqué la montée, incroyablement raide, qui nous obligera à pousser nos vélos pratiquement tout du long.



Les églises basques ont souvent de très grands porches, très pratiques pour s’abriter de la pluie. Nous montons la tente sous les arcades, sur des dalles de granit patinées par des générations de basques cherchant probablement à s’abriter des éléments pour descendre quelques bières entre amis, comme ceux qui occupaient l’endroit au moment de notre arrivée. Le ciel est bouché, une brume épaisse se forme et la pluie continue de tomber. C’est un 1er Septembre qui se prend pour un soirde Novembre. Les buveurs de bière s’en vont et nous laissent seuls. Le hibou qui niche au dessus de nous ajoute la dernière touche à l’ambiance mystique. Si un fantôme venait nous parler, nous ne serions même pas surpris.

Nous avions envisagé de faire l’ascension du sommet du Gorbeia, mais avec le temps orageux il ne nous semble pas raisonnable de nous balader sur le point le plus exposé de la région. Nous nous contentons donc de pousser nos vélos sur des pistes pentues et humides, au milieu des vaches et chevaux en liberté qui semblent surpris de nous voir là. Alors que j’avais posé mon vélo pour prendre une photo, un jeune poulain accoure vers ma monture, se cabre puis détale : c’est probablement la première fois qu’il voit une bicyclette. Soudain le temps se dégage, il fait à nouveau chaud. La suite de la journée sera une succession de pistes plaisantes à travers les ajoncs et bruyères, les forêts de hêtre puis des routes de campagne. Nous sommes à nouveau surpris par l’orage, encore plus rapidement que la veille. Il est 16h, nous montons la tente dans la forêt au bord de la route. La journée est fini.

Sierra de Urbasa

La transition entre Gorbeia et la sierra de Urbasa nous fait passer dans la province d’Alava. L’influence océanique semble loin de nous et les paysages ressemblent plus à l’intérieur de l’Espagne : champs de blé et tournesols secs, pistes, villages médiévaux posés sur des collines aux bâtiments serrés les uns contre les autres. Après quelques lacets routiers qui nous paraissent bien longs, nous arrivons sur le plateau de la Sierra de Urbasa. Les routes bitumées sont défoncées, les fougères débordent sur la route et les vaches, chevaux et moutons se baladent ici encore en liberté. La nature semble reprendre ses droits. La frontière entre les provinces d’Alava et de Navarre est matérialisée par deux énormes rochers posés sur la route, empêchant totalement le passage pour un véhicule motorisé et nous obligeant à porter nos vélos pour passer. De l’autre côté (en Navarre), les paysages évoluent, le massif est plus peuplé, plus ouvert. On y croise des éleveurs en pickup qui rentrent les brebis, dont le lait sera transformé en un des meilleurs fromages qu’on ait goûté dans la région.

Pampelune, Camino Frances et retour en France

La soirée folle à Pampelune que nous imaginions n’aura pas lieu. Nous arrivons dans la capitale de Navarre fatigués et le retour à la civilisation nous écoeure un peu. A Pampelune comme dans toutes les capitales régionales, les samedis après-midi sont dédiés au culte de la surconsommation. Nous découvrons d’autres excès : les hébergements proposés accessibles à notre budget sont tous des immenses dortoirs dédiés aux « peregrinos », très chers pour ce qu’ils sont. Nous apprenons par la suite que les prix sont encore plus gonflés pendant la période des fêtes de la San Fermin : 60€ pour un lit en dortoir… Déçus, nous nous rabattons sur un camping à l’écart de la ville, où l’eau bien fraîche de la piscine fera office de cryothérapie low-cost.

Après Pampelune, nous avions prévu de suivre le Camino Frances, la voie « classique » du chemin de Saint-Jacques côté espagnol. Le chemin est principalement constitué de pistes et chemins roulants, qui sur le papier semblent être exactement ce que nous recherchons. Malheureusement, le chemin est bondé de marcheurs venus du monde entier, formant un flux ininterrompus de pèlerins qui nous souhaitent joyeusement un « buen camino » lorsque nous nous arrêtons pour les laisser passer. Nous décidons de finalement nous rabattre sur le bitume. Les discussions des marcheurs nous fatiguent, et à force de devoir nous arrêter nous n’avançons pas. L’écœurement atteint son comble à Roncesvalles, point de départ « officiel » du camino frances. Une rotation ininterrompu de cars amène les pèlerins à l’abbaye où ils passeront la nuit avant d’entamer leur marche. Nous sommes assez surpris de la diversité de profils parmi les marcheurs. Quelques randonneurs aguerris, des « true » pèlerins hirsutes et austères, mais aussi et surtout de nombreux « touristes », qui pour beaucoup semblent n’avoir jamais fait de randonnée, en témoigne notamment l’extrême saleté des bords de chemin, bien loin de l’éthique « leave no trace » des puristes de la montagne. Le camino frances nous laisse une impression de Disneyland de la randonnée : une véritable industrie touristique très lucrative, bien loin de la quête spirituelle qu’il est sensé représenter. C’est d’ailleurs ce que nous confirment des marcheurs partis de France que nous avons croisés à Pampelune : si en France « l’esprit du chemin » existe encore, il semble avoir totalement disparu en Espagne.

Arrivés à Saint Jean Pied de Port, la lassitude s’installe. La population, à la fois plus dense et plus étalée qu’en Espagne rend les routes plus fréquentées. Les retrouvailles avec les automobilistes français nous laissent nostalgiques de leurs homologues espagnols. Nous décidons de rouler vite jusqu’à la côte, pour profiter de la mer une dernière fois avant le retour à la maison. Nous avons oublié de remplir nos bidons en partant le matin, pensant trouver de l’eau facilement. Un mauvais choix d’itinéraire par une petite route qui ne fait qu’enchaîner les montées et descentes très raides combinées à la chaleur très lourde nous épuise. La déshydratation, une crevaison et l’impression de ne pas avancer entament notre moral, jusqu’à ce qu’un véritable « trail angel » remplisse nos gourdes d’eau bien fraîche. Arrivés sur la côte, déception : malgré la basse saison touristique, les Brice de Nice allemands et hollandais sont toujours aussi nombreux. Nous vidons quelques bouteilles de cidre sur la plage de Lafitenia et profitons de notre dernier bain de mer. La boucle est bouclée, il est temps de rentrer.

Tour du Pays Basque – La côte

Ongi etorri. Bienvenue en Euskal Herria, pays de la langue basque.

Après 8h de train et des correspondances pleines d’adrénaline, nous arrivons à Bayonne avec des fourmis dans les jambes. A peine les vélos remontés sur le quai de la gare et nous voilà partis, direction Saint-Jean-De-Luz. Nous suivons la Vélodyssée, longue piste cyclable longeant la côte Atlantique de Roscoff à Hendaye. La voie est partagée avec les piétons : le dernier dimanche d’août à l’heure du retour des plages, sans grande surprise, c’est une purge. Mais les paysages, bien que très urbanisés, nous donnent un avant-goût plutôt engageant de ce qui nous attends pour les jours à venir. Une pinte de cidre sur la plage de Lafitenia face au soleil couchant nous confirme que maintenant, les vacances peuvent commencer.

En temps normal, une passerelle permet de traverser la Bidasoa entre Hendaye et Irun pour passer la frontière espagnole. Mais le variant Delta est bien installé et les autorités craignent une quatrième vague. Il faudra passer par l’ancien poste frontière, gardé par un seul agent français, complètement débordé face à des migrants d’un jour inquiets. Les règles sont floues, et l’atmosphère tendue nous rappelle que nous vivons encore une situation inhabituelle qui peut dégénérer du jour au lendemain. Nous croisons les doigts. Nous ne le savons pas encore mais heureusement, le pic de la quatrième vague est déjà passé et le second passage de la frontière deux semaines plus tard se fera de façon beaucoup plus détendue. Le contraste entre les deux rives de la Bidasoa est saisissant : au nord, une agglomération touristique très huppée. Au sud, des boutiques de tabac et alcool à bas prix alignés le long de la  frontière et une ville à l’urbanisme peu engageant. Nous traversons Irun rapidement pour arriver au magnifique cap de Higuer, point de départ de trois célèbres itinéraires de randonnées espagnols : la transpyrénéenne (GR11), la route du flysch (GR121) et le Camino del Norte, variante littorale réputée la plus belle et la plus difficile parmi les différents itinéraires du chemins de Saint-Jacques de Compostelle. C’est le chemin que nous suivrons en partie les prochains jours.

Sur le Camino del Norte

Notre première nuit en Espagne au camping du cap de Higuer est épuisante. On a plus l’impression d’être dans un camping de festival qu’au départ du GR11 : plusieurs groupes autour de nous passent la nuit entière totalement ivres à chanter, hurler des « joder », « maricon » et autres jolis mots. Heureusement que nous sommes arrivés un lundi et pas le weekend. Un peu déçus et très fatigués, nous décidons que nous bivouaquerons au maximum sur la côte pour éviter de réitérer ce genre d’expérience.

La traversée du Jaizkibel efface ce mauvais souvenir. Les petites pistes tranquilles avec vue sur les Pyrénées d’un côté et l’Atlantique de l’autre, c’est ça que nous aimons. Surtout quand au bout d’une longue descente raide nous arrivons sur une crique magnifique, où deux arbres semblent avoir été plantés exprès pour que nous y attachions nos hamacs pour notre première sieste espagnole. Le rythme est déjà pris.

Fin d’après-midi, il faut repartir. Nous embarquons nos vélos sur la barque qui fait la navette entre Pasaia et San Sebastian. Sur la carte, nous avons repéré une colline boisée à proximité de la station balnéaire la plus huppée d’Espagne, résidence d’été de la famille royale. Nous aurions du nous en douter : nous sommes beaucoup trop près de la ville. Il s’agit en fait plutôt d’un parc urbain, entouré de villas cachées derrière de grands portails d’où sortent des voitures très chères. Des coureurs, cyclistes et promeneurs passent devant nous toute la soirée. Nous trouvons un endroit caché sous des arbres et une fois la nuit tombée, nous montons la tente. Premier bivouac du voyage et un des plus improbables. Le deuxième bivouac improbable sera celui d’Orio, le lendemain soir. Après un peu de recherche, nous trouvons finalement un des rares endroits plats et cachés du secteur. L’autoroute ne passe pas très loin, mais tant pis. Mauvaise pioche : à minuit, des gens s’installent à quelques mètres de nous et sortent bouteilles et enceintes bluetooth. Ils ne nous voient pas, mais nous les entendons. Au bout d’un moment, comprenant qu’ils ne sont pas près de partir, nous préférons ranger la tente et décamper. Nous finissons la nuit dans nos hamacs, quelques centaines de mètres plus loin.

Les jours suivant sur la côte, nous roulons finalement beaucoup sur du bitume. Le camino del norte est souvent impraticable avec nos vélos lourds et chargés : beaucoup d’escaliers notamment, que nous sommes obligés de contourner. Mais la conduite très détendue et respectueuse des automobilistes espagnols, la bienveillance des gens que nous croisons et les pauses baignades quotidiennes rendent le voyage très agréable. Les villages et petites villes côtières se succèdent : enfants qui escaladent les bateaux de pêche pour sauter dans l’eau, chantiers navals, conserveries : la mer fait vivre du monde par ici, et pas seulement par le tourisme.

Après Ondarroa, la région devient vraiment rurale. La route côtière, pratiquement vide de voitures, sinue à travers des forêts d’eucalyptus. A Lekeitio on nous prévient : pour aller à Guernika, il ne faut surtout pas suivre la route côtière, beaucoup trop dure ! Mieux vaut rouler sur la route principale, par les terres, ça va plus vite et c’est plus plat. Oui mais nous on veut voir Ea et Elantxobe. On veut se baigner encore une fois, à la plage de Laga. On veut vérifier si la ria de Mundaka est aussi jolie en vrai que sur la carte. Alors tant pis, on y va. On arrive à Ea au petit matin alors que la ville appartient encore aux chats et aux pêcheurs à la ligne. C’est dimanche, les joueurs de pelote s’échauffent et un marchand ambulant déploie son étal de gâteaux basques, miels et confitures de pays pendant qu’une file se forme à l’unique boulangerie. Après avoir fait le plein, nous entamons l’ascension de la fameuse côte qui faisait si peur aux gens de Lekeitio. Nous la gravissons sous les encouragements des riverains matinaux qui descendent au village. Puis nous redescendons à Elantxobe, à Laga et nous remontons la ria de Mundaka jusqu’à Gernika où nous embarquons nos vélos dans un train de banlieue, direction Bilbao.

Bilbao

On nous avait présenté Bilbao comme une ville industrielle en déclin posée au milieu d’un immense bassin minier. Pas très vendeur. La métropole de plus d’un million d’habitants (environ un quart de la population basque) est bien une des plus grandes d’Espagne, mais sa ville centre a su se relancer dans les années 90 suite à la construction du musée Guggenheim. On parle d’ailleurs d’effet Bilbao pour décrire ce phénomène de villes moroses qui réussissent à retrouver une dynamique grâce à un bâtiment prestigieux. Nous n’avons pas visité ce temple de l’art contemporain. Peut-être à tort, mais les sollicitations faites aux passants de faire des dons pour entretenir Puppy, la statue de Jeff Koons, l’un des artistes les plus riches du monde, m’ont écœuré. C’est l’illustration parfaite d’une certaine forme d’art contemporain que je n’apprécie pas. Heureusement en dehors de ce musée, il y a plein de choses à découvrir à Bilbao pour occuper notre journée de repos. En terme de paysage urbain, la ville évoque plus l’Europe du Nord que l’Espagne avec ce fleuve canalisé entouré de tours de verres entre lesquelles passent des péniches chargées de matériaux de construction et autres marchandises. Les quartiers populaires aux vieilles façades décrépies et aux rues animées sont immédiatement juxtaposés à des quartiers modernes où les banques et les hôtels luxueux partagent l’espace avec des malls à l’américaine. Comme en Europe du Nord, on y trouve des food courts et des biergartens. Bilbao, capitale hipster de la péninsule ibérique ? Mais comme nous sommes en Espagne, justement, dans ces food courts on y sert du vin, des pintxos, des tartas de queso et des tommes de brebis de tous âges. Les bars regorgent également d’une offre bon marché et généreuse et nos craintes de ne pas trouver à manger un dimanche soir sont vite dissipées. Notre escapade se transforme en tournée des bars, nous rentrons à l’hôtel tard et bien éméchés. Peut-être pas la meilleure manière d’entamer une étape de repos…

Mon appareil photo étant tombé en panne la veille du départ, toutes les photos de ce voyage on été prises avec un compact argentique ou avec mon téléphone.

Suite de l’histoire ici.

Cap Vert – Tarrafal de Santiago

Santiago est l’île la plus grande et la plus proche des côtes africaines. C’est ici que se trouve la capitale, Praia (qui veut dire plage, plutôt sympa comme nom de ville). De ce que nous avons pu voir, la population est moins métissée qu’à Santo Antao et Sao Vicente, et l’ambiance carrément plus africaine. On s’entasse dans des minibus au milieu des mamans en boubou avec des poules sur les genoux, les gens parlent (très) fort et conduisent (beaucoup trop) vite… ça change de l’ambiance douce et paisible des deux précédentes îles.

Nous avions prévu de passer une semaine à Santiago, mais une annulation de vol nous a contraint à restreindre notre séjour sur cette île. Nous avons donc du nous contenter de 2 jours à Tarrafal, petite station balnéaire du nord de l’île où les touristes européens cuisent sur le sable blanc au milieu des vendeuses de noix de coco et des rastas en slip de bain qui enchaînent les jongles à la brésilienne mieux que Ronaldinho.

La minute historique : le bagne de Tarrafal

A l’époque de la colonisation portugaise (jusque dans les années 70), Tarrafal était tristement connu pour son bagne. L’emplacement avait été choisi pour ses paysages arides sensés déprimer les prisonniers et leur passer l’envie de s’enfuir. Des opposants au régime et des anticolonialistes principalement africains y étaient parqués dans des conditions terribles : aucun accès à l’hygiène, aux soins, alimentation infame et insuffisante, châtiments atroces, chaleur insoutenable sous les toits de tôle… Tout était fait pour que les prisonniers meurent de « mort naturelle », emportés par les épidémies. Après l’indépendance, le bagne a été recyclé en caserne, puis abandonné et squatté, avant de devenir un musée.

Le village et la plage

A vrai dire Tarrafal est plus une petite ville qu’un village. On y trouve un grand marché couvert, qui vend surtout du textile africain et des bricoles du quotidien. Comme dans toutes les villes que nous avons visité, on trouve également de nombreux commerçants chinois, et des petits supermarchés à l’européenne. Mais le gros atout de Tarrafal d’un point de vue touristique, c’est surtout sa plage de sable blanc abritée des alizés, ses cocotiers et son port de pêche très animée. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que des pêcheurs se sont installés ici : sous l’eau, ça grouille de vie. Nous avons logé à la pensao Sol y Luna, dans une chambre assez basique mais c’était trop chouette de prendre le petit déjeuner sur la terrasse du restaurant au bord de la plage. Le soir nous avons assisté à un concert de batuku, un autre style musical du Cap Vert, moins connu et beaucoup plus rythmé que la morna de Cesaria Evora. En bref, Tarrafal était l’endroit idéal pour terminer de façon plus que décontractée notre voyage.

La route de Tarrafal à Praia

De nombreux minibus relient Praia et Tarrafal. C’est une expérience assez unique : tout le monde s’entasse au milieu des sacs de riz et des poules, et on sert les fesses dans les virages. Nous sommes descendus à Assomada, un peu parce que c’était jour de marché et qu’on voulait voir ça, et aussi beaucoup parce qu’on espérait avoir un chauffeur plus détendu sur la deuxième partie du trajet… Mauvais pari, c’était encore pire !

Le marché d’Assomada est plutôt folko. De ce qu’on a pu voir, on y vend surtout des meubles (en tout cas le jour de notre passage). L’intérêt réside surtout dans les abords du marché, où des petites échoppes servent de la cachupa et de la feijoada (sortes de cassoulet cap verdien). Des bouchers exercent leur métier au bord de la route, où des cochons se font découpés au milieu des passants et des voitures et des poules qui courent dans tous les sens.

Grand bol de Printemps

Cette année, nous avons eu un printemps joueur. Débuté précocement fin février avec un épisode saharien à la Mad Max, suivi d’un mois d’avril confiné, d’un mois de Mai automnale ponctué de chutes de neiges tardives et d’un début Juin caniculaire, pas toujours évident de choisir comment s’équiper. Pour nous, c’est aussi une période qui a coïncidé avec la réception de nos nouveaux VTT, puis de notre nouvelle tente. Alors on a pris un grand bol de printemps, mais pas à Paris ni à Londres : dans le Rhône, la Drôme, l’Ardèche et l’Hérault. Et j’assume mes titres dignes de mauvais polars.

Sable du Sahara, badlands et vautours

Dernier weekend de Février. Le vent du sud apporte chaleur, sable et atmosphère jaunâtre. En quelques jours, les bourgeons sortent en plaine et la neige fond en moyenne montagne. Je pars pour mon premier weekend à vélo de l’année, en cowboy solitaire dans la Drôme. de Crest au col de Soubeyrand par le défilé de Trente Pas, la forêt de Saou, les gorges de la Roanne et le rocher du Caire, une mise en jambe de 180km et 2700m de dénivelé au pays des vautours et des badlands.

Coup de froid dans le Diois

Mi-Mars, deux semaines après l’épisode Saharien. Les températures ont chuté, la neige est tombée, et nous avons reçu nos nouveaux VTT. L’occasion d’une courte boucle off-road de 40km et 800m de dénivelé dans le Diois, sur deux petites demi-journées pour tester les vélos et goûter à notre premier et dernier bivouac véritablement hivernal de l’année. La météo annonce une nuit à -11 degrés, et dès 15h nous commençons à souffrir du froid. Note pour l’hiver prochain : les pogies c’est moche, mais ça tient sûrement plus chaud que les gants de ski. Finalement, nous trouvons un endroit abrité du vent, avec une vue magnifique sur le Vercors enneigé. Avec mes deux sacs de couchage et ma doudoune, j’ai même eu trop chaud.

Pâques au balcon

Jean Castex nous annonce le troisième confinement, qui sera appliqué dès le weekend de Pâques mais avec une tolérance de quelques jours. On n’a rien compris, alors on a enfourché nos vélos et on est partis dans l’Ardèche. On a traversé des frontières régionales en nous sentant un peu contrebandiers. On a évité la foule nombreuse des gorges de l’Ardèche (comme quoi, on était pas les seuls). On a admiré les arbres déjà en fleurs, quelques jours avant « la plus grande catastrophe agricole du 21e siècle » : le gel tardif succédant au redoux précoce. Bref, on s’est rarement sentis aussi libres que pendant ces 3 jours de liberté innocents et coupables à la fois, avant le (dernier ?) confinement.

Reconfinés

Dans notre rayon de 10km, il y a deux secteurs de nature. Le grand parc de Miribel et les monts d’Or. Nous pensions connaître par cœur ces endroits. Finalement, la contrainte du confinement nous pousse à les explorer plus profondément et à les redécouvrir sous des aspects nouveaux.

Beaujolais nouveau

Fin du confinement, nous préparons notre GTMC. Quoi de mieux pour cela que de redécouvrir le Beaujolais, ce massif si proche de chez nous, lui aussi parcouru d’une Grande Traversée, la GTR. L’engagement physique et parfois technique pour cette traversée pourtant côtée aussi difficile que la GTMC nous mets la pression. Les montées abruptes suivies de descentes aux gros cailloux roulants, les pistes ravinées par l’écoulement des pluies d’orage, les sentiers cachés sous les herbes hautes que nous sommes probablement les premiers à parcourir cette année et l’inexistence de passages plats nous obligent à raccourcir grandement les étapes. Mais les lumières tamisées des sous-bois fleuris, le bourdonnement et les couleurs des insectes en pleine activité et la quasi-absence d’autres humains nous enchantent.

Prolongations

Mi-juin, les terrasses des bars à peine rouvertes sont prises d’assaut par les fans de foot pour cet Euro 2021 dont le début coïncide avec les premières grosses chaleurs. Nous nous évadons quelques jours dans le Vercors où le printemps joue les prolongations. Nuits fraîches, nature sauvage, plantes de montagnes qui semblent d’une autre planète. Ici encore nous croisons sur les chemins plus de capreolus capreolus que de sapiens sapiens. Sans parler des mouches, moustiques et autres insectes qui bourdonnent comme jamais. Le soleil se lève à 4h50 et les étoiles commencent à se faire voir vers 23h. Quelques nuages de plus et degrés de moins et on se croirait presque en Écosse ou en Alaska. Nous terminons finalement notre virée par une descente vers la vallée de la Drôme. Le temps sec nous offre une belle démonstration du gradient adiabatique, avec un degré gagné par 100m de descente, soit 7 degrés de différence en quelques minutes. Heureusement l’eau encore fraîche de la Drôme nous aide à supporter le choc thermique.

Larzac – Méditerranée : liste matériel

Ci-dessous, la liste de nos sacoches et du matériel qu’elles contiennent pour un périple d’une semaine avec des conditions météo variables et des températures plutôt clémentes (5 à 25 degrés environ). Le matériel est listé par personne qui le porte. Certains éléments sont communs, mais portés par une seule personne.

Hugo

Vélo

Je testerais bien une configuration double plateau pour avoir un petit braquet encore plus petit et pouvoir grimper partout même chargé. Les freins hydrauliques c’est quand même bien confortable. Les pneus ont fait le job, le terrain étant peu technique. A refaire en tubeless, idéalement avec des pneus moins lourds (1kg le boudin quand même).

  • Surly Ogre taille M, pneus Extra-Terrestrial 29×2,5 pouces. Transmission 1×10 vitesse. Plateau 32 dents, cassette 11-42.

Sacoches

Les sacoches Zefal ne sont pas hyper ergonomiques ni légères, comparées à celles d’Elisa plus haut de gamme mais globablement, tout était adapté. Seul le transport du matériel photo/vidéo mériterait une réelle amélioration.

  • Sacoche de selle Zefal 17 litres
  • Sacoche de cintre Zefal 10 litres
  • Sacoche de cadre Revelate Designs Ranger 8,6 litres
  • Sacoches food pouch Topeak Freeloader x2 (2 litres en tout)
  • Sacoche top tube Topeak Toploader (0,75 litres)
  • Sacoche accessoires Topeak Barloader 6,5 litres
  • Sac drone Dji (dans la sacoche accessoires, pour protéger le drone)

Vêtements

Cette liste inclus les vêtements portés pendant la journée et ceux stockés dans la sacoche. Le legging merinos a été utile les premières nuits. Pas de cuissard : sur la GTMC, pas de problème puisque qu’on change souvent de position (debout sur les pédales, assis sur la selle, marche à côté du vélo). L’absence de cuissard a été plus gênante les journées roulantes, notamment sur le canal du Midi. Pas de chaussures à cales mais des chaussures de trail pour être plus à l’aise hors du vélo. Nous avons des pédales avec un bon grip : un peu moins performant en montée que des pédales automatiques, mais plus rassurant en descente, et pas besoin d’avoir 2 paires de chaussures. Pas de pantalon non plus, juste un short ultraléger qui sèche vite : en cas de temps froid et humide, le pantalon mouillé refroidit pendant longtemps, alors qu’un short sèche vite. Les températures étaient clémentes (5-10 degrés ressentis les jours les plus froids), je n’ai pas ressenti le besoin de porter un pantalon.

  • T-shirts manches longues merinos Decathlon x2
  • Short randonnée ultralight Decathlon
  • Chaussettes merinos x2
  • Chaussettes étanches Sealskinz
  • Caleçon merinos x2
  • Doudoune Decathlon
  • Gants vélo Grip Grab
  • Bonnet mérinos
  • Buff merinos
  • Casquette cyclisme Decathlon
  • Lunettes solaires Decathlon
  • Veste pluie 10000mm Vaude
  • Casque Decathlon
  • Legging merinos Decathlon
  • Chaussures trail running Decathlon

Matériel de camping

Nous avons fait le choix de ne pas prendre de réchaud, pour économiser du poids et de l’espace. Nous avions de la semoule en fond de sac, qui gonfle à l’eau froide et la possibilité de nous ravitailler au moins une fois par jour en pain, fromage, fruits et légumes frais. Les oreillers pèsent moins de 100g et permettent un sommeil et donc une récupération de meilleure qualité. Les nuits les plus fraîches (5-6 degrés, vent et humidité), le quilt + bonnet + legging et t-shirt mérinos + drap étaient bien (limite chaud).

  • Tente Nemo Dagger 2p + footprint (environ 1,9kg tout compris)
  • Matelas Nemo Tensor Insulated
  • Quilt Cumulus 250 (+4°C/0°C)
  • Drap de soie Decathlon
  • Oreiller gonflable Klymit
  • Popote titane Toaks 1,3L
  • Couverture de survie
  • 2 gourdes, total 1,6l (1 bidon de vélo en plastique, 1 gourde en métal)
  • Filtre à eau Sawyer Mini + poche à eau 2l (utilisée uniquement pour le filtrage)
  • Lampe frontale Peztl Actik Core + batterie
  • Opinel numéro 7
  • 2 cuillers à soupe en inox

Outils et pièces

  • Multi-outils vélo Crankbrothers M19
  • 2 clés allen (4mm et 5mm)
  • Multi-outils générique Leatherman Squirt
  • Pompe à pied de voyage Lezyne Micro Floor Drive HV
  • Démonte-pneus x3
  • Chambres à air x2
  • Câbles de frein et de dérailleurs
  • Attaches rapides x2
  • Lubrifiant chaîne
  • Brosse chaîne
  • Chiffon chaîne
  • Colliers de serrage plastique x10

Électronique / Photo

Les objectifs 100mm et 55-300mm pèsent environ 800g a eux deux et ont assez peu servis par rapport au 21mm. Le 300mm est pratiquement inutile sans trépied. Il pourrait être intéressant de remplacer le 55-300m par une ou deux focales fixes plus légères et de meilleure qualité. Le matériel photo et surtout vidéo est coûteux en poids et en énergie. A l’avenir nous testerons une solution panneau solaire et/ou powerbank de plus grande capacité pour une meilleure autonomie.

  • Boîtier reflex Pentax K3 + 2 batteries
  • Objectif Pentax 21mm
  • Objectif Pentax 100mm macro
  • Objectif Pentax 55-300mm
  • Enregistreur audio Zoom H1n + bonnette + cable + piles
  • Drone Dji Mavic Mini 2 + télécommande + 2 batteries
  • Powerbank Decathlon 10000mah
  • Chargeur Pentax
  • Chargeur usb + 2 cables
  • Feu arrière vélo

Élisa

Vélo

  • Surly ECR, pneus Vittoria Mezcal 29×2.6 pouces. Selle SMP TRK. Transmission monoplateau. Plateau 30 dents, cassette 11-50.

Sacoches

  • Sacoche de selle Ortlieb 17 litres
  • Sacoche de guidon Topeak 10 litres
  • Sacoche de cadre Revelate Designs Ranger M 7,3 litres
  • Sacoche top tube Restrap 0,5 litres
  • Sacoches food pouch Topeak x2 (total 2 litres)

Vêtements

  • T-shirts manches longues merinos Decathlon x2
  • Vieux legging synthetique qui sèche vite
  • Short rando Decathlon + Caleçon merinos Engel
  • Legging merinos Decathlon (dodo)
  • Chaussettes merinos x2
  • Chaussettes étanches Sealskinz
  • Culottes coton Intimissimi x2
  • Brassière merinos Icebraker
  • Doudoune Decathlon
  • Veste pluie Decathlon
  • Gants vélo Grip Grab
  • Bonnet merinos
  • Gants Mohair du Pays de Corlay
  • Buff merinos x2
  • Bandeau merinos Ortovox
  • Lunettes solaires Decathlon
  • Casque
  • Chaussures trail running Decathlon

Matériel camping

  • Matelas Nemo Tensor Insulated
  • Quilt Cumulus 250 (+4°C/0°C)
  • Drap de soie Cocoon Mummy Liner
  • Oreiller gonflable Klymit
  • Jolie taie d’oreiller maison
  • Lampe frontale Peztl Actik Core + batterie
  • 2 gourdes, total 1,6l (1 bidon de vélo en plastique, 1 gourde en métal)
  • Opinel numéro 8
  • Sifflet multifonctions boussole-thermomètre-loupe
  • Jumelle Nyroca 8×20

Électronique

  • Smartphone (avec l’appli mobile MAPS.ME)
  • GoPro
  • Tripod flexible Lammcou
  • Petite batterie externe
  • Feu arrière vélo

Santé / Hygiène

  • Bâton à lèvre
  • Gel hydroalcoolique
  • Masque
  • Trousse à pharmacie
  • Trousse de toilette (savon de marseille, brosses à dent, brosse à cheveux, huile de coco, boules quies)
  • Mouchoir en tissus
  • Serviette de toilette
  • Papier toilette écologique + petite pelle

Du Larzac à la Méditerranée à VTT

Fin mai 2021, nous sommes partis une petite semaine avec nos VTT de Millau à Béziers. Nous avons suivi la GTMC (Grande Traversée du Massif Central à VTT) de Millau à Villeneuvette, puis des petites routes et chemins pour rejoindre l’étang de Thau. Enfin, nous avons longé le canal du Midi jusqu’à Béziers. En tout, environ 265km et 2700m de dénivelé, avec des vélos chargés et à un rythme contemplatif à travers des paysages incroyablement variés.

Dimanche 16 mai, 18h. Nous arrivons à Millau sous la pluie, après 3h30 de route depuis Lyon. Les vélos sont dans le coffre, les sacoches de bikepacking déjà en place. Il ne nous reste qu’à monter la roue avant, ouvrir la trace gps sur nos téléphones pour retrouver le point de départ, et c’est parti. Nous roulons 1h sous une pluie fine et un ciel sombre, le temps de sortir de Millau et monter sur le causse du Larzac. Nous trouvons un spot de bivouac idéal, avec toilettes sèches à quelques dizaines de mètres. Le vent souffle et la pluie tombe, mais nous sommes tout excités à l’idée du départ le lendemain.

Lundi 17 mai. Au petit matin, il fait 6°C dans la tente. Avec le vent et l’humidité, nos quilts prévus pour une température confort de 4°C ne sont pas de trop et Elisa, très sensible au froid, a même dû remettre sa doudoune pendant la nuit. Avec le vent qui souffle les nuages, nous espérons naïvement une amélioration des conditions météo pour les jours à venir. Il faudra cependant attendre de redescendre dans la plaine pour retrouver des températures plus clémentes. Lors de nos 3 jours entre le Larzac et le Salagou, les températures maximales ressenties ont rarement dépassé 10-11°C, avec de la pluie et du vent. Les conditions sont un peu rudes à l’image du causse que nous traversons, pourtant fleuri à cette période de l’année, mais nous sommes heureux d’être là. Lors de cette première journée, nous avons croisé plus de chevreuils (2) que d’êtres humains (0) sur les chemins. Malgré les barrières et clôtures pour encadrer les troupeaux de moutons, nous avons l’impression d’avoir ces immenses espaces pour nous.

Mardi 18 mai. Encore une nuit fraîche. C’est seulement la troisième fois que nous utilisons notre nouvelle tente en silnylon, un matériau plus souple et léger que le polyuréthane de nos précédents abris. Ce matériau à la particularité de se détendre lorsqu’il est humide : il faut bien tendre la tente pour éviter qu’elle ne s’affaisse pendant la nuit, ce que nous n’avons pas bien fait. A notre réveil, le double toit touche la chambre intérieure. Par capillarité, la condensation goutte sur nous. On a connu des réveils plus agréables… Heureusement, la trace de la GTMC nous fait une première surprise gastronomique en nous faisant passer devant le GAEC des Traversiers, fromagerie bio. Nous faisons le plein d’une délicieuse tomme de brebis, au fondant incroyable pour la version jeune, et au goût légèrement piquant pour la version plus affinée. Petit déjeuner cétogène de luxe qui nous remet bien d’aplomb.

La Couvertoirade est le plus joli et préservé des villages que nous avons traversé sur le causse du Larzac. Comme tous les jolis villages préservés de France, son activité économique tourne principalement autour du tourisme et l’on y retrouve les même commerces très authentiques qu’à Salers, Pérouges, Paimpont ou Locronan : crêperies, glaciers et boutiques de lithothérapie. Nous sommes heureusement hors saison et les ruelles sont désertes : nous profitons d’avoir le village rien que pour nous pour y flaner un moment.

Sur le Larzac, la trace emprunte principalement des pistes et chemins et assez peu de routes bitumées. Même si le dénivelé est faible, le terrain alterne entre gros cailloux, argile bien humide à cette période et flaques parfois profondes, ralentissant notre progression. A chaque flaque d’eau, il faut contourner : l’eau est très trouble et on ne voit pas le fond. Un motard devant nous a pris un bain involontaire en tombant dans un trou au milieu d’une flaque, et vu le vent et les températures nous préférons éviter l’expérience. Avoir les pieds mouillés est déjà assez pénible, pas besoin d’en rajouter.

Après Le Caylard, nous descendons du causse, directions le massif de l’Escandorgue. Les paysages changent, le relief se creuse et les pentes se couvrent de forêts. La densité de population est toujours très faible, ce qui semble attirer des individus en quête de retraite spirituelle ou d’expériences communautaires, en témoigne la présence de deux communautés de l’Arche (inspirées par Gandhi et la non-violence), autrefois pionnières dans la lutte du Larzac; du temple bouddhiste de Lerab Ling, inauguré et béni par le Dalaï-Lama en personne; d’autres communautés, notamment religieuses, peut-être liées à l’histoire ancienne templière et hospitalière de la région.

Mercredi 19 mai. Nous sommes réveillés par les jeux d’ombre et de lumière du soleil filtrant à travers les branches. Le ciel est bleu, nous descendons direction le Salagou. Petit à petit, la forêt sombre laisse place à une ambiance plus méridionale, accentuée par la ruffe, cette terre rouge du Lodévois qui lui donne parfois des airs d’Afrique. Une longue montée sur une piste bien caillouteuse nous amène à un magnifique point de vue d’où nous dominons d’un côté les paysages rouges et verts du Lodévois, de l’autre les sombres montagnes coiffées d’éoliennes et tachetées du jaune des ajoncs en fleur. Nous descendons ensuite jusqu’au lac du Salagou, où nous essuyons notre dernière grosse averse de la semaine. Le secteur étant pas mal fréquenté à cette période de l’année, nous préférons passer la nuit au camping. Ce sera de plus l’occasion de recharger nos batteries, qui ne tiendront probablement pas jusqu’à la fin de la semaine. Surtout le drone, gros consommateur d’énergie. C’est la première fois que nous l’utilisons et nous ne maitrisons pas encore ses capacités et ses limites : nous refaisons plusieurs fois des plans en variant l’altitude, les mouvements de caméras, bref nous tatonnons et cela à un coût énergétique.

Jeudi 20 mai. Le camping a ses avantages : douches, toilettes, eau à volonté, électricité… Mais aussi ses inconvénients : voisins bruyants, cadre pas vraiment charmant de parking à camping car… Nous ne sommes pas réveillés la nuit par l’aboiement rauque d’un chevreuil, mais par une dispute ou un apéro un peu bruyant chez nos voisins. Nous n’avons pas le plaisir d’écouter les chants et bourdonnements des oiseaux et insectes diurnes petits à petit remplacés par ceux de leurs homologues nocturnes. Pas de tourterelles ni de coucous pour nous saluer au petit matin. A la place, les publicités à la télévison des voisins…

Les successions de montées et descentes sur des terrains rugueux et notre chargement assez lourd commencent à épuiser Elisa dont les jambes ne répondent plus. Heureusement il fait beau, aujourd’hui nous roulons très peu, nous profitons du lac pour faire une bonne sieste au bord de l’eau. A Clermont-l’Hérault, nous trouvons un magasin de producteur : c’est l’anniversaire d’Elisa, pas question de manger de la semoule. Au bivouac de ce soir il y aura de la coppa, du fromage, des olives, du bon pain…

Vendredi 21 mai. La nuit n’a pas été très bonne… Nous avons très mal choisi notre emplacement de bivouac : beaucoup trop près de la ville, nous avons passé la nuit à tendre l’oreille à chaque bruit humain. Nous avons en plus monté notre tente sous des pins, sur une ancienne parcelle de ronces fraichement défrichée : au sol, de nombreux débris végétaux, souches, épines de pins… Malgré nos précautions (utilisation d’une couverture de survie sous la tente en complément du footprint), je perce mon matelas. Non pas à cause d’une faille dans le blindage que nous avons mis en place (et qui a bien tenu), mais à cause d’une épine accrochée à mes vêtements que j’ai accidentellement fait entrer dans la tente… Le trou est minuscule, impossible de le retrouver pour le réparer. Heureusement, cette mésaventure arrive en fin de randonnée, avec des températures douces, car je vais passer les 3 nuits restantes à dormir quasiment sur le sol. Pour nous dégoûter un peu plus, moins d’1km après notre départ, nous trouvons des dizaines d’emplacements parfaits… Tant pis pour nous, on progresse en faisant des erreurs.

Nous roulons quelques km de plus sur la GTMC, mais la journée un peu raccourcie d’hier n’a pas suffit à Elisa pour bien récupérer. Nous préférons mettre un terme à la randonnée et rejoindre l’étang de Thau par des petites routes pour profiter de la mer les deux jours qu’il nous reste. Notre objectif était de toute façon d’aller jusqu’au Salagou, la suite de la trace étant (sur le papier en tout cas) moins attractive en terme de paysages, à travers une région un peu plus urbanisée.

Sur la route, nous faisons un petit détour par Villeneuvette. Cette ancienne manufacture royale, fondée à l’époque de Louis XIV, avait pour vocation de produire du textile en grande quantité, pour l’export et pour la fabrication d’uniformes militaires. L’usine est désaffectée depuis longtemps et ses magnfiques bâtiments sont désormais occupés par des ateliers d’artistes, gîtes et petits immeubles anciens de charme (comme diraient les annonces leboncoin). Sur le fronton de l’usine, une inscription « Honneur au travail » rappelle vaguement un certain slogan allemand des années 40.

Samedi 22 mai. Journée repos à l’étang de Thau. Nous avons posé notre tente au camping Lou Labech à Bouzigues, petit camping tranquille et familial loin du tourisme de masse qui est malheureusement la norme à certains endroits autour de l’étang. Nous sommes identifiés comme « les courageux qui voyagent à vélo même pas électrique » par nos voisins camping-caristes. Tout au long de notre randonnée, pratiquement à chaque rencontre on nous a demandé si nos vélos étaient motorisés. Presque à chaque fois, notre réponse négative a entrainé une réaction ébahie. A croire que tout le monde a déjà oublié qu’il n’y a pas si longtemps, tous les vélos étaient musculaires uniquement.

Nous profitons de cette parenthèse sédentaire pour rouler un peu sans les sacoches et explorer les chemins autour de Bouzigues et Mèze. Nous découvrons ainsi les installations des ostréiculteurs le long de l’étang, dans une atmosphère bricolage/récup’ entre Le temps des gitans et Mad Max. On s’attablerait bien autour d’une assiette d’huîtres, mais il est trop tard pour la dégustation, on n’a pas réservé, et puis de toute façon fin mai elles sont laiteuses. On discute un peu avec un restaurateur qui nous explique qu’avec la situation sanitaire il ne peut pas ouvrir, car dans son restaurant on s’échange les plats et les bouteilles entre les tables, on se tient chaud et on parle fort. Dommage, ça avait l’air sympa, on reviendra. On se consolera avec une excellente glace au lait de brebis sur le port de Bouzigues. Cet animal aura décidément fourni une part importante de notre apport calorique cette semaine.

Dimanche 23. Dernier jour de balade. Il nous faut rejoindre la gare de Béziers, où un train nous ramènera à Millau. De Bouzigues, nous empruntons la voie verte jusqu’à Sète, qui n’existait pas lors de notre dernier passage en 2019. Nous croisons de très nombreuses personnes à vélo et même si beaucoup d’entre eux sont électrifiés, cela nous semble une révolution dans cette région accro aux transports motorisés.

A Sète, nous faisons un détour par le quartier de la pointe courte. Même s’il est devenu assez touristique, cet ancien quartier de pêcheurs rendu célèbre par Agnès Varda conserve une atmosphère unique. Au milieu des cabanons qui semblent construits de bois flotté et de vieux filets reyclés, de gros chats patibulaires se disputent la souveraineté sur les eaux d’une flaque avec une tribu de goélands, pendant qu’un vieux matou borgne guette de l’oeil qu’il lui reste le retour d’un pêcheur et de sa précieuse cargaison.

Après une dégustation de tielles, nous reprenons la route le long du lido. Nous espérions longer l’étang par des petits chemins que nous avions trouvé sur OpenStreetMap, malheureusement ils semblent tous privatisés par le domaine Listel. Des panneaux « propriété privée, accès interdit » tous les 10 mètres et des barrières nous dissuadent d’explorer plus. Déçus, nous rentrons dans le rang et longeons la plage en empruntant la voie verte limitée à 10km/h entre le parking et la dune. Nous sommes finalement soulagés d’arriver au canal du midi et ses chemins de terre défoncés qui s’annoncent un peu plus ludiques. C’est le cas pendant quelques km, puis au fur et à mesure que nous approchons de Béziers, le chemin devient bitumé et la foule de promeneurs du dimanche est de plus en plus dense. D’un point de vue vélocipédique, cette dernière journée aura été globalement ennuyeuse. Béziers ne nous inspire pas spécialement l’envie de flâner et nous sommes contents d’arriver à la gare à l’heure pour l’unique train pour Millau. Nous sommes d’ailleurs très surpris d’être pratiquement seuls dans le wagon : le train dessert pourtant de nombreuses gares entre les deux villes, parfois au milieu de nulle part. Malgré le prix symbolique du billet (1€), la région Occitanie ne semble pas parvenir à remplir ce train, qui est pourtant une aubaine pour les voyageurs à vélo.

Nous revenons donc à Millau au terme d’une semaine magnifique, malgré une météo très variable. Aucun regrets, seulement des envies de recommencer, sur les autres tronçons de la GTMC ou ailleurs.

Pour voir notre liste de matériel pour cette balade : c’est ici.

Cap Vert – Sao Vicente

Située au nord de l’archipel, Sao Vicente en est l’une des plus petites îles. Son chef-lieu est Mindelo, deuxième ville du pays en nombre d’habitants (environ 70000) et considérée comme sa capitale culturelle. C’est une étape obligatoire pour accéder aux randos magnifiques de Santo Antao. Ce fut également l’occasion d’une escale plage et culture un peu forcée (vol annulé) au milieu de notre voyage. Sans regrets : nous avons pu découvrir d’un peu plus près la vie quotidienne locale.

Mindelo

Mindelo est notamment connue pour être la ville d’origine de Cesaria Evora et pour son carnaval qui attire chaque année de nombreux touristes. Le port de Mindelo est une escale importante dans les croisières transatlantiques. Son immense (et magnifique) baie abritée est la dernière étape avant l’Amérique. On y croise de nombreux marins du monde entier et des bateaux de toutes tailles, de la barque de pêcheur aux cargos. Le centre ville minuscule se découvre facilement à pied, et contient quelques beaux batiments coloniaux dans des états divers. En périphérie, des bâtiments plus récents de toutes les couleurs égaient les rues de leur douces teintes pastel. Le street art est également très présent, ainsi que des fresques à vocation pédagogiques avec des messages principalement environnementaux. On retrouve ces fresques souvent peintes par les enfants des écoles dans toutes les villes et villages où nous sommes passés.

La plage de Laginha est la principale plage de la ville. On y retrouve une ambiance de Copacabana miniature : sportifs, couples, touristes… s’y retrouvent sur le sable blanc et les plus courageux se baignent même dans ses vagues. Le soir, de nombreux bars et restaurants en fond un secteur animé.

La plage de Laginha, en semaine et en « hiver ».

Les marchés de Mindelo

Le marché de Mindelo est également un spectacle permanent. Des femmes taillées comme des lutteurs, coiffées de bandana y portent sur la tête des paniers de fruits et légumes qui paraissent particulièrement lourds. Au marché aux poissons, les pecheurs déchargent directement depuis leurs barques d’énormes thons, mérous de toutes les couleurs et toutes sortes d’autres poissons, qui sont immédiatement découpés au milieu des chiens qui attendent qu’on leur jettent leur part.

Plus loin, le marché couvert se distingue par son calme. Nous y sommes allés plusieurs fois, à des heures différentes, mais sans jamais y trouver l’effervescence que nous imaginions. On y vend notamment des produits transformés : paniers en osiers et matériaux de récupération, confitures de papaye, goyave ou mangue, mel (mélasse de canne à sucre servant notamment à la fabrication du ponche do mel, sorte de rhum arrangé, et aux bolos do mel, biscuits qu’on trouve un peu partout). Enfin la dernière partie du marchée est occupée par des petites boutiques d’artisans et des marchands de tissus et souvenirs venus du continent (Sénégal et Guinée notamment).

A Mindelo nous avons passé 3 nuits au Si Ma Bo Hostel, situé dans un quartier résidentiel entre le centre ville et la plage de Laginha. C’est une auberge de jeunesse tenue par Silvia, une italienne exubérante et très accueillante, dont les bénéfices financent une association de protection des animaux des rues. Le soir où notre vol a été annulé, toutes les chambres étaient occupées. Nous avons été hébergés dans les locaux de l’association où nous avons passé la soirée entourés de chatons beaucoup trop mignons… Merci Si Ma Bo ! Le site web de l’asso : https://simabo.org/

Le reste de l’île

L’île est petite et bien desservie en aluguers (minibus). Pour des raisons d’annulation de vol nous avons du y rester un peu plus longtemps que prévu. Les paysages assez lunaires ne sont pas particulièrement variés : la végétation basse et épineuse est assez rare. Quelques villages et plages bordent la côte et sont surtout réputés pour le surf, le kitesurf et la planche à voile. Nous y étions en novembre, en pleine saison des alizées, et c’est clair que ça souffle !

Nous avons visité le village de Baia das Gatas (baie des gatas, sortes de petits requins innofensifs). Nous espérions y faire du snorkeling, mais les conditions étaient plutôt propice aux sports de glisse ce jour là. L’été ce doit être plus sympa, d’ailleurs c’est à Baia das Gatas qu’à lieu le plus gros festival de musique de l’archipel et apparemment, c’est quelque chose.

Sao Pedro

Nous avons également visité le village de Sao Pedro. Ce village n’était pas mentionné dans notre guide touristique et nous a été conseillé par un volontaire de Si Ma Bo. Sa grande plage est pourtant magnifique, pratiquement déserte à cette période de l’année. De plus, la proximité de l’aéroport permet d’observer des atterissages d’avion tout en se baignant, ce qui est plutôt inhabituel. Des entrepreneurs locaux ont mis en place des tours en barque pour aller voir les tortues de mer. Malheureusement ils pratiquent le feeding (nourrissage d’animaux sauvage pour les appâter), ce qui n’est pas une super pratique… De toute façon pas besoin d’aller loin pour voir des tortues : elles viennent d’elles-même à quelques mètres du rivage. On y observe également des poissons trompettes, mérous et autres espèces de toutes les formes et couleurs qui pulullent dans les coraux. Belle découverte !

Cap Vert – Santo Antao

Santo Antao est l’île la plus au nord de l’archipel. C’est également la plus isolé : son petit aéroport a fermé en 2012 pour des raisons de sécurité et c’est la seule île de l’archipel accessible uniquement par la mer. La traversée depuis Mindelo est d’ailleurs assez épique, la mer étant plutôt formée. Au moment du départ, les employés de la compagnie maritime distribuent des sacs en plastique pour vomir, ce qui mets dans l’ambiance… L’isolement de l’île et son relief particulièrement chaotique rendent l’île un peu moins développée économiquement que le reste de l’archipel. L’agriculture, principalement vivrière, est sa principale ressource. Cette particularité la rend très attractive pour les touristes à la recherche d’authenticité et de paysages naturels spectactulaires, et depuis quelques années l’éco-tourisme et la randonnée s’y développent. Cerise sur le gateau, le grog (nom cap verdien du rhum) de Santo Antao est réputé être le meilleur de l’archipel 😉

Porto Novo

Depuis la fermeture de l’aéroport, l’arrivée à Santo Antao se fait obligatoirement par le port de Porto Novo, plus grande ville de l’île (environ 10000habitants), sur la côte sud. C’est une jolie petite ville aux façades multicolores, et aux barques de pêche abritées du soleil sous les tamariniers. La ville, plutôt calme, s’anime à l’arrivée des ferrys. Les chauffeurs de pickup et minibus se pressent alors à la sortie du bateau pour déposer leurs passagers et en chercher de nouveaux. Des vendeurs de fruits et légumes déploient leurs étals de mangues, noix de coco, papayes et autres. L’effervescence dure quelques dizaines de minutes et une fois tous les voyageurs embarqués dans les pickups et minibus, l’atmosphère retombe, les vendeurs replient leurs étals et disparaissent, et seuls le bruit des vagues, le vent et une musique venant d’une fenêtre ouverte troublent le silence.

Arrivée à Porto Novo depuis le ferry

Tarrafal de Monte Trigo

Nous avions rendez-vous avez un conducteur de pickup pour nous rendre à Tarrafal de Monte Trigo, village mythique de Santo Antao. Tarrafal est situé à l’extrémité ouest de l’île dans une baie protégée du vent par les 1979m du Tope da Coroa, le plus haut sommet local. Ce petit village de quelques centaines d’habitants, pratiquement tous pêcheurs ou agriculteurs, est le dernier endroit habité par des humains avant l’Amérique.

Si Tarrafal est si réputé, c’est justement pour son côté bout du monde. D’autant plus qu’il n’est connecté à la civilisation que par une piste praticable uniquement en 4×4, qui traverse les hauts plateaux de l’île peuplés uniquement de quelques bergers et leurs chèvres qui paissent dans un paysage absolument lunaire. Après 3h sur la plateforme d’un pickup à manger de la poussière dans le froid des hauts plateaux, on est content de trouver la douceur de Tarrafal.

Au premier abord, ce village ne nous a pas du tout séduits. Plutôt le contraire : sa réputation en a fait un lieu de prédilection du tourisme « vert », et les écolodges et restaurants « authentiques » pour riches européens fleurissent le long de la plage. Au début, on se sentait un peu observés par les locaux, mais pas non plus à l’aise avec les autres touristes, plutôt des « vieux riches » venus ici pour se reposer entre eux. Finalement grâce à Rui, homme à tout faire de notre gite qui parlait super bien français et nous a un peu guidés dans le Tarrafal « caché », et David, gérant du club de plongée avec qui nous avons fait un baptême et qui nous a mis en contact avec des pêcheurs pour une sortie en mer, nous avons trouvé nos marques et nous nous sommes finalement sentis super bien dans ce petit village.

La plupart des touristes qui viennent à Tarrafal pratiquent les activités suivantes :

-plongée / snorkeling 

-randonnée entre Tarrafal et le village de Monte Trigo, accessible uniquement à pied par un sentier qui longe la côte (environ 3h30 de marche) et retour par la mer en bateau-taxi

-randonnée entre Tarrafal et le village de Monte Trigo, accessible uniquement à pied par un sentier qui longe la côte (environ 3h30 de marche) et retour par la mer en bateau-taxi

Nous n’avons pas fait la balade de Monte Trigo, mais une autre qui remonte la Ribeira de Tarrafal par un sentier, puis en marchant sur des canalisations… C’est folklo, mais pas trop recommandé pour les personnes sensibles au vertige, ni par temps humide, ni en claquettes…

La route de Corda

La route de Corda est une ancienne route pavée reliant Porto Novo sur la côte sud à Ribeira Grande au nord, en passant par les sommets de l’île. Cette route magnifique passe par pratiquement tous les paysages de l’île : champs de pouzzolane (roche volcanique servant de matériau de construction), cultures en terrasse, forêt de conifères et vallée humide et luxuriante. Depuis la construction de la route cotière, celle de Corda n’est plus empruntée que par les touristes et les quelques habitants des villages des montagnes. La plupart des chauffeurs de pickup font la route en 1h, mais nous avons eu la chance de tomber sur Leny, ancien technicien agricole reconverti qui nous a fait la version touristique avec explication de paysage et arrêts à tous les points de vue.

Santo Antao – Nord

Les villes : Ponta do Sol, Ribeira Grande

Ponta do Sol (la pointe du soleil), est la ville située à l’extrémité nord de l’île. C’est ici qu’atterrissaient les avions avant la fermeture de l’aéroport. Aujourd’hui, c’est une petite ville touristique où des hôtels un peu vieillots cohabitent avec des petites maisons colorées le long d’un port où des barques de pêche multicolores attendent de prendre la mer. Ponta do Sol a un côté assez charmant, à la fois touristique mais sans que cela ne semble trop altérer les relations entre les locaux et les étrangers, et les soirées s’écoulent dans une lenteur de bout du monde, au rythme mélancolique des guitares et cavaquinhos, des verres de ponche bus sur des chaises en plastique devant la maison, à peine perturbées par des coupures d’électricité.

Bien que ce soit l’endroit le plus facile pour trouver un hébergement dans le secteur, ce n’est pas forcément l’idéal ensuite pour randonnée : la plupart des minibus partent de Ribeira Grande, la « grande ville » locale située sur la côte, et remontent ensuite les vallées vers les différents villages. Ribeira Grande n’est pas vraiment touristique, pourtant elle a une atmosphère qui respire l’authenticité et de jolis bâtiments coloniaux. Curiosité locale : le village de Sinagoga, ancienne colonie de juifs du bout du monde.

Randonnées dans la vallée de Paul, ribeira do Figueiral et Fontainhas

Nous avons fait deux randonnées dans le secteur : la randonnée de la vallée de Paul, qui part du cratère embrumé de Cova sur les hauteurs de l’île et descend jusqu’à Pontinha da Janela, terminus des bus. Ce tronçon est magnifique mais malheureusement très touristique : nous n’avons pratiquement jamais été seuls sur le chemin. Nous avons décidé de prolonger la rando en suivant notre instinct et des sentiers qui nous ont mené dans la ribeira do Figueiral, vallée parallèle à celle de Paul, tout aussi verdoyante (canne à sucre, caféiers, ignames, bananiers…) mais tellement moins fréquentée que nous n’y avons croisé que quelques agriculteurs à l’heure du repas des cochons, dont nous avons appris le petit nom créole (tchouk).

La longue descente de la vallée nous ayant bien cassé les pattes, le jour suivant nous nous sommes contentés d’une balade plus tranquille le long des falaises volcaniques de la côte nord, de Ponta do Sol à Formiguinhas en passant par le magnifique village de Fontainhas pour oxygéner nos jambes courbaturés. Roche noire, ocre et rouge, mer bleue, maisons multicolores et quelques touches de vert : c’était court mais on en a quand même pris plein les yeux.

Une balade à vélo en Bretagne

A la base on avait prévu de faire un grand voyage à vélo cette année, mais la période étant un peu particulière, il était difficile de planifier où nous allions passer nos prochaines vacances. La famille étant en Bretagne, c’était l’occasion de passer dire bonjour, et puis ça faisait un moment qu’on n’avait pas passé du temps dans la région. Les escales chez la famille et les amis ont un peu haché les étapes… Sans parler des pauses creperies et des chouettes plages ! Bref, au final on a pas roulé tant que ça, mais c’était cool.

L’itinéraire à vélo

Nous sommes partis de Lorient et nous avons plus ou moins longé la côte jusqu’à Lannion. Puis nous sommes revenus par l’intérieur des terres et la voie verte de Morlaix à Rosporden. En 6 jours de vélo nous avons roulé environ 470km (sans compter les détours), et grimpé 4300m de dénivelé, avec des journées moyennes de 78km et 718m de dénivelé. Nous avons roulé à 25% sur des chemins, et à 75% sur du bitume (principalement des petites routes pratiquement désertes). Et nous avons fait des pauses baignades pratiquement tous les jours 🙂

En dehors de la trace présentée sur la carte ci-dessous, nous avons également passé une journée sans sacoches à nous perdre sur les petites routes et chemins autour de Lannion. Nous n’avons pas enregistré notre trace et serions bien incapable de dire par où nous sommes passés et la distance que nous avons parcourue, mais c’était super chouette.

Ayant choisi notre destination la semaine précédant le départ, nous avions calculé un itinéraire « à l’arrache » sur Komoot à partir des endroits sympas que nous connaissions, de ceux qu’on avait envie de découvrir et des étapes pour visiter la famille. Au final on s’est souvent retrouvés à rouler sur la véloroute littorale, et on a un peu laché notre GPS pour suivre les panneaux et notre instinct.

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La véloroute littorale

La véloroute littorale est un réseau d’itinéraire cyclables qui a pour vocation de faire le tour de la Bretagne par la côte. A l’été 2020, l’itinéraire n’était pas complet, mais les portions réalisées étaient vraiment super : très bien balisées, et surtout itinéraire très sympa par des petites routes et des chemins. Rien à voir avec les autoroutes à vélo parfois monotones comme la Viarhona ou le canal de Nantes à Brest.

Si c’était à refaire, on prévoierait un peu plus de temps et on se contenterait de suivre cette véloroute là où elle existe, en gardant le GPS pour les tronçons pas encore aménagés (mais qui le seront certainement bientôt).

Page de la véloroute littorale sur le site de france vélo tourisme.

La véloroute 7 de Morlaix à Rosporden

Rallier la côte nord et la côte sud en train en Bretagne, qui plus est avec des vélos, peut parfois s’avérer compliqué. Comme il nous restait un peu de temps, nous avons choisi de rentrer à Lorient par la véloroute 7, qui traverse la Bretagne du nord au sud de Morlaix à Concarneau, en passant par la gare de Rosporden où nous avons pris le train pour rentrer. Cette véloroute est une ancienne voie ferrée dont certaines gares ont été aménagées pour servir d’étapes. Comme les voies ferrées, c’est malheureusement très rectiligne, bordé d’arbres qui masquent la vue, et plat. C’était d’une telle monotonie que nous avons parcouru les plus de 100km en une traite alors que nous pensions prendre notre temps sur deux jours.

La seule photo prise sur la véloroute 7

Les étapes incontournables

De Lannion à Morlaix

Les paysages sont tout simplement magnifiques, et en septembre nous avions pratiquement la route pour nous. Cerise sur le gateau : nous avons roulé quelques dizaines de metres en compagnie d’une buse qui volait à quelques mètres seulement de nous, c’était magnifique. C’est aussi la seule étape où nous n’avions pas prévu à pic nic et la seule où nous avons eu un peu de mal à trouver où manger…

De l’usine de galets de Treguennec à la pointe du Raz

L’usine de galets de Treguennec, située dans la baie d’Audierne, a été construite par les nazis pour extraire et concasser des galets qui servirent ensuite à la construction des bunkers du mur de l’Atlantique. Aujourd’hui, c’est un spot de surf et de street art perdu au milieu de nulle part et il s’en dégage une atmosphère vraiment particulière, surtout à cette période de l’année où la saison touristique touche à sa fin et où nous sommes pratiquement seuls.

La route longe ensuite la côte jusqu’à Audierne en enchainant les montées et les descentes avec une vue magnifique. Avec la lumière du soir et le soleil qui se couche petit à petit dans la mer, c’est juste magnifique.

Audierne est un joli port de pêche à l’embouchure d’une ria (estuaire), comme souvent en Bretagne. A partir d’ici, la route traverse le cap Sizun jusqu’à la pointe du Raz, en passant par des petits villages, déserts à cette période de l’année.

La pointe du Raz est un passage réputé parmi les marins pour sa difficulté, avec de nombreux rochers, des courants très forts et des tempêtes qui peuvent être violentes. Lors de notre passage il n’y avait pas le moindre vent (chose rare), et nous avons bien pu profiter de la vue sur l’île de Sein, la presqu’il de Crozon et la baie d’Audierne. On y a même vu des dauphins et une baleine.

Les autres lieux sympa

Quimper, Pont Aven, la côte sud

Morlaix

Lannion et la côte de granit rose

Douarnenez

Autour de la presqu’île de Crozon

Nous connaissions déjà la presqu’île et nous n’avions pas suffisamment de temps pour profiter vraiment de ses paysages. Nous avons donc rallié la baie de Douarnenez à la rade de Brest, en passant autour de la presqu’île.