Santo Antao est l’île la plus au nord de l’archipel. C’est également la plus isolé : son petit aéroport a fermé en 2012 pour des raisons de sécurité et c’est la seule île de l’archipel accessible uniquement par la mer. La traversée depuis Mindelo est d’ailleurs assez épique, la mer étant plutôt formée. Au moment du départ, les employés de la compagnie maritime distribuent des sacs en plastique pour vomir, ce qui mets dans l’ambiance… L’isolement de l’île et son relief particulièrement chaotique rendent l’île un peu moins développée économiquement que le reste de l’archipel. L’agriculture, principalement vivrière, est sa principale ressource. Cette particularité la rend très attractive pour les touristes à la recherche d’authenticité et de paysages naturels spectactulaires, et depuis quelques années l’éco-tourisme et la randonnée s’y développent. Cerise sur le gateau, le grog (nom cap verdien du rhum) de Santo Antao est réputé être le meilleur de l’archipel 😉
Porto Novo
Depuis la fermeture de l’aéroport, l’arrivée à Santo Antao se fait obligatoirement par le port de Porto Novo, plus grande ville de l’île (environ 10000habitants), sur la côte sud. C’est une jolie petite ville aux façades multicolores, et aux barques de pêche abritées du soleil sous les tamariniers. La ville, plutôt calme, s’anime à l’arrivée des ferrys. Les chauffeurs de pickup et minibus se pressent alors à la sortie du bateau pour déposer leurs passagers et en chercher de nouveaux. Des vendeurs de fruits et légumes déploient leurs étals de mangues, noix de coco, papayes et autres. L’effervescence dure quelques dizaines de minutes et une fois tous les voyageurs embarqués dans les pickups et minibus, l’atmosphère retombe, les vendeurs replient leurs étals et disparaissent, et seuls le bruit des vagues, le vent et une musique venant d’une fenêtre ouverte troublent le silence.
Tarrafal de Monte Trigo
Nous avions rendez-vous avez un conducteur de pickup pour nous rendre à Tarrafal de Monte Trigo, village mythique de Santo Antao. Tarrafal est situé à l’extrémité ouest de l’île dans une baie protégée du vent par les 1979m du Tope da Coroa, le plus haut sommet local. Ce petit village de quelques centaines d’habitants, pratiquement tous pêcheurs ou agriculteurs, est le dernier endroit habité par des humains avant l’Amérique.
Si Tarrafal est si réputé, c’est justement pour son côté bout du monde. D’autant plus qu’il n’est connecté à la civilisation que par une piste praticable uniquement en 4×4, qui traverse les hauts plateaux de l’île peuplés uniquement de quelques bergers et leurs chèvres qui paissent dans un paysage absolument lunaire. Après 3h sur la plateforme d’un pickup à manger de la poussière dans le froid des hauts plateaux, on est content de trouver la douceur de Tarrafal.
Au premier abord, ce village ne nous a pas du tout séduits. Plutôt le contraire : sa réputation en a fait un lieu de prédilection du tourisme « vert », et les écolodges et restaurants « authentiques » pour riches européens fleurissent le long de la plage. Au début, on se sentait un peu observés par les locaux, mais pas non plus à l’aise avec les autres touristes, plutôt des « vieux riches » venus ici pour se reposer entre eux. Finalement grâce à Rui, homme à tout faire de notre gite qui parlait super bien français et nous a un peu guidés dans le Tarrafal « caché », et David, gérant du club de plongée avec qui nous avons fait un baptême et qui nous a mis en contact avec des pêcheurs pour une sortie en mer, nous avons trouvé nos marques et nous nous sommes finalement sentis super bien dans ce petit village.
La plupart des touristes qui viennent à Tarrafal pratiquent les activités suivantes :
-plongée / snorkeling
-randonnée entre Tarrafal et le village de Monte Trigo, accessible uniquement à pied par un sentier qui longe la côte (environ 3h30 de marche) et retour par la mer en bateau-taxi
-randonnée entre Tarrafal et le village de Monte Trigo, accessible uniquement à pied par un sentier qui longe la côte (environ 3h30 de marche) et retour par la mer en bateau-taxi
Nous n’avons pas fait la balade de Monte Trigo, mais une autre qui remonte la Ribeira de Tarrafal par un sentier, puis en marchant sur des canalisations… C’est folklo, mais pas trop recommandé pour les personnes sensibles au vertige, ni par temps humide, ni en claquettes…
La route de Corda
La route de Corda est une ancienne route pavée reliant Porto Novo sur la côte sud à Ribeira Grande au nord, en passant par les sommets de l’île. Cette route magnifique passe par pratiquement tous les paysages de l’île : champs de pouzzolane (roche volcanique servant de matériau de construction), cultures en terrasse, forêt de conifères et vallée humide et luxuriante. Depuis la construction de la route cotière, celle de Corda n’est plus empruntée que par les touristes et les quelques habitants des villages des montagnes. La plupart des chauffeurs de pickup font la route en 1h, mais nous avons eu la chance de tomber sur Leny, ancien technicien agricole reconverti qui nous a fait la version touristique avec explication de paysage et arrêts à tous les points de vue.
Santo Antao – Nord
Les villes : Ponta do Sol, Ribeira Grande
Ponta do Sol (la pointe du soleil), est la ville située à l’extrémité nord de l’île. C’est ici qu’atterrissaient les avions avant la fermeture de l’aéroport. Aujourd’hui, c’est une petite ville touristique où des hôtels un peu vieillots cohabitent avec des petites maisons colorées le long d’un port où des barques de pêche multicolores attendent de prendre la mer. Ponta do Sol a un côté assez charmant, à la fois touristique mais sans que cela ne semble trop altérer les relations entre les locaux et les étrangers, et les soirées s’écoulent dans une lenteur de bout du monde, au rythme mélancolique des guitares et cavaquinhos, des verres de ponche bus sur des chaises en plastique devant la maison, à peine perturbées par des coupures d’électricité.
Il parait que c’est ici que Georges Michael a écrit sa chanson
Bien que ce soit l’endroit le plus facile pour trouver un hébergement dans le secteur, ce n’est pas forcément l’idéal ensuite pour randonnée : la plupart des minibus partent de Ribeira Grande, la « grande ville » locale située sur la côte, et remontent ensuite les vallées vers les différents villages. Ribeira Grande n’est pas vraiment touristique, pourtant elle a une atmosphère qui respire l’authenticité et de jolis bâtiments coloniaux. Curiosité locale : le village de Sinagoga, ancienne colonie de juifs du bout du monde.
Un trapiche, distillerie de grogue
Randonnées dans la vallée de Paul, ribeira do Figueiral et Fontainhas
Nous avons fait deux randonnées dans le secteur : la randonnée de la vallée de Paul, qui part du cratère embrumé de Cova sur les hauteurs de l’île et descend jusqu’à Pontinha da Janela, terminus des bus. Ce tronçon est magnifique mais malheureusement très touristique : nous n’avons pratiquement jamais été seuls sur le chemin. Nous avons décidé de prolonger la rando en suivant notre instinct et des sentiers qui nous ont mené dans la ribeira do Figueiral, vallée parallèle à celle de Paul, tout aussi verdoyante (canne à sucre, caféiers, ignames, bananiers…) mais tellement moins fréquentée que nous n’y avons croisé que quelques agriculteurs à l’heure du repas des cochons, dont nous avons appris le petit nom créole (tchouk).
Grains de café
La longue descente de la vallée nous ayant bien cassé les pattes, le jour suivant nous nous sommes contentés d’une balade plus tranquille le long des falaises volcaniques de la côte nord, de Ponta do Sol à Formiguinhas en passant par le magnifique village de Fontainhas pour oxygéner nos jambes courbaturés. Roche noire, ocre et rouge, mer bleue, maisons multicolores et quelques touches de vert : c’était court mais on en a quand même pris plein les yeux.
Derrière les falaises, sur la langue de terre, Ponta do Sol Le village de Fontainhas